En réduisant le ‘salaire’ [horaire] des demandeurs d’asile à 1,50 euro, le gouvernement va faire obstacle à leur intégration. C’est apparemment son objectif”, s’indignent les Salzburger Nachrichten, qui placent le sujet à la une ce vendredi 19 avril. Depuis quinze ans, rappelle le quotidien régional de Salzbourg, sous un gouvernement de même type (coalition droite et extrême droite), les demandeurs d’asile effectuant des travaux d’utilité publique perçoivent une rémunération horaire variant de 3 à 5 euros.

Ce dispositif avait été mis en place alors même que les demandeurs d’asile étaient nettement plus nombreux qu’aujourd’hui : 24 600 en 2004 contre 13 400 en 2018. “Or le gouvernement actuel a soudain un problème géant avec ces minirevenus. En les plafonnant, il veut décider pour les Länder. Mais ceux-ci font opposition. À juste titre”, plaide le journal. Car “les travaux d’utilité publique ont un double intérêt : ils intègrent et ils développent la tolérance”, sans compter que les communes en tirent profit “à moindres frais” et dans un cadre légal très clairement délimité. Seules quelques centaines de personnes sont concernées, et ces revenus, destinés à améliorer la base d’aide sociale aux demandeurs d’asile de 40 euros mensuels, sont plafonnés à 110 euros.

Un frein à l’asile

Alors pourquoi une telle mesure ? Compte tenu des sommes symboliques en question, l’enjeu n’est pas financier. Conclusion : “Le gouvernement ne veut pas que les demandeurs d’asile travaillent. Il ne veut pas qu’ils s’intègrent. Il ne veut pas qu’ils restent. Voilà pourquoi il fait basculer le filet minimal de sécurité. Ce faisant, il crée un problème là où il n’y en avait pas. C’est une politique à court terme. Et minable.” Ainsi s’explique que tous les Länder, à l’exception d’un seul (la Basse-Autriche), s’élève contre cette mesure dans un communiqué commun. Quel que soit leur positionnement politique, qu’ils soient sociaux-démocrates, chrétiens-démocrates ou écologistes, les parlementaires régionaux ont fait savoir qu’ils rejetaient cette décision du ministre de l’Intérieur, Herbert Kickl (FPÖ, Parti de la liberté, extrême droite).

Même le patronat monte sur ses grands chevaux, ajoute Kurier, citant le président de la Fédération des industriels qui y voit en priorité “une posture politique [et] un mépris de l’être humain”. Mais le quotidien viennois est sans illusion : “Si le ministre de l’Intérieur décide par décret, les Länder devront s’y conformer.” Ce pourrait être le cas dès le 22 avril.