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«Checker», «cocooning»... Ces mots qu’on ne veut plus jamais entendre

«Bankable», «hackeur»... 207712340/wutzkoh - stock.adobe.com

EXPRESSIONS - Les anglicismes s’immiscent dans nos conversations quotidiennes. Pourtant, leurs équivalents français existent! Le Figaro vous propose un tour d’horizon de ces abus de langage à ne plus faire.

Insidieux. Les anglicismes sont insidieux. Nous les prononçons au quotidien, omettant ainsi la richesse de la langue de Molière. Car, presque à chaque fois, leurs équivalents français existent. Prenez le verbe «blacklister». Pour l’éviter, nous vous proposons «ostraciser», «évincer», «rejeter». Et puis, il existe l’expression «liste noire» qui veut dire exactement la même chose. Le Figaro vous propose un tour d’horizon de ces abus de langage.

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«Ah, quelle semaine! Je vais aller me faire cocooner désormais!» Cet affreux anglicisme apparaît en 1987 et est le dérivé de cocoon qui, nous pouvons nous rassurer ainsi, vient du français «cocon», emprunt au provençal coucoun «qui désigne à la fois la coque de l’œuf et l’enveloppe où une chenille, notamment de ver de soie, se transforme en chrysalide», note Alain Rey dans son ouvrage 200 drôles de mots qui ont changé nos vies depuis 50 ans (Le Robert). Par extension, ce «cocon» est devenu une métaphore d’un «nid douillet, confortable et protecteur», ce que l’on retrouve dans l’expression «cocon familial». C’est tout naturellement que le «verbe» «cocooner» a fini par désigner le fait de prendre soin de quelqu’un. Préférons alors le terme «dorloter», «choyer» ou encore, «cajoler».

Les réseaux sociaux ont inévitablement fait apparaître de nombreux anglicismes. Parmi eux, notons le terme «hackeur» qui désigne, selon le Larousse, une «personne qui, par jeu, goût du défi ou souci de notoriété, cherche à contourner les protections d’un logiciel, à s’introduire frauduleusement dans un système ou un réseau informatique». Ce mot est issu du verbe to hack, «hacher, tailler à l’aide d’un outil», rapporte toujours Alain Rey. Il finit par signifier le fait de «modifier un système ou un site Internet». Le Larousse recommande le terme français «fouineur». Mais il existe également le nom de «pirate». De même, «piratage» peut être utilisé à la place de «hacking».

Trolls et autres lutins malicieux...

«Ah oui, je connais ce comédien! Il a un humour trash.» Comprendre: écœurant, répugnant, nauséabond, malsain. Les synonymes affluent... Trash, en anglais, désigne les ordures, déchets. Nous commençons à l’utiliser au sens figuré en France à la fin des années 1980. Nous le prononçons alors pour décrire ce «qui est du pire mauvais goût, ce qui est sordide et flatte les bas instincts».

Un humour trash, caractéristique de ce que l’on appelle les trolls d’Internet: «celui qui a la volonté de trouver le débat par des procédés rhétoriques allant de la négation systématique à l’insulte, de la mauvaise foi à la provocation», indique Alain Rey. Mais à l’origine, le verbe to troll signifie «déambuler» en anglais. Le Trésor de la langue française précise qu’un «troll» est un mot suédois qui nous vient du XIXe siècle. On le trouve notamment dans la mythologie scandinave. Le «troll» est un «être malveillant, nain ou géant, revêtant une forme laide tenant à la fois de l’homme et de l’animal avec un gros nez, et habitant des cavernes dans les montagnes ou les forêts». Un genre de lutin, en somme. Autre hypothèse: le mot viendrait du français «trôler» utilisé aux XVIe et XVIIe siècles et «appartenant au vocabulaire de la chasse. Cette image est parlante: c’est bien un hameçon provocateur que le troll du Web laisse traîner sous le nez des autres internautes, dans l’espoir de les y voir mordre», développe l’auteur.

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«Tu peux checker si les chiffres sont bons?», peut-on entendre dans les entreprises. C’est ce qu’on appelle le langage «business». To check signifie «vérifier». Fait intéressant: «au poker, le verbe checker s’emploie quand on ne souhaite pas monter la mise tout de suite et qu’on attend de voir ce que vont faire les autres, vraisemblablement pour essayer de leur faire croire qu’on n’a pas grand-chose alors qu’en fait, oui», écrivent Olivier Talon et Gilles Vervisch dans Le dico des mots qui n’existent (toujours) pas, (Omnibus).

Restons dans le monde de la finance et évoquons le terme bankable. «Franck Dubosc est-il encore bankable?» Comprendre: «capable, par sa seule présence dans un film, d’en garantir le succès commercial». «En effet, un acteur n’est déclaré bankable que sur la base de statistiques portant sur les films déjà sortis dans lesquels il a tourné.»

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«Checker», «cocooning»... Ces mots qu’on ne veut plus jamais entendre

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3 commentaires
  • Bruno Oo

    le

    « Hackeur » est un mot français. Le mot anglais s'écrit « hacker ». On peut donc utiliser « pirate » ou « hackeur » selon la nuance que l'on souhaite apporter à son propos. Un hackeur est quelqu'un qui se donne pour but de faire tomber les sécurités autour d'un système informatique ou électronique. Ce résultat peut constituer le seul objectif de son action. Un pirate cherche à prendre le contrôle de ces mêmes systèmes dans le but de les modifier ou d'en détourner l'utilisation. Cracker (néologisme utilisé à l'occasion) n'est donc pas son objectif premier.

  • Marcel Dubois

    le

    Et que dire du mot anglais "challenge" utilisé au plus haut point du ridicule avec l'accent "british", tandis que le mot français existe "chalenge" , sans aucun accent et un seul L !

  • Hérétique

    le

    Après qu'on réfléchit à toutes les gallicismes enracinés dans l'anglais, l'allemand et surtout dans le russe, on se demande est-ce que l'emploi des anglicismes populaires n'est plus que du snobisme.

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