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En Suède, la « honte de prendre l'avion » plombe déjà le trafic aérien

Né fin 2018, le mouvement « flygskam » consiste à boycotter l'avion face à l'urgence climatique. Il contribue à un recul du nombre de passagers dans le pays depuis le début de l'année. Le train fait figure de grand gagnant.

L'opérateur Swedavia AB, qui gère notamment les aéroports de Stockholm et Göteborg, a enregistré une baisse de son trafic passager pour la première fois en une décennie.
L'opérateur Swedavia AB, qui gère notamment les aéroports de Stockholm et Göteborg, a enregistré une baisse de son trafic passager pour la première fois en une décennie. (Shutterstock)

Par Sophie Amsili

Publié le 20 avr. 2019 à 17:07Mis à jour le 20 avr. 2019 à 17:40

Avec la jeune Greta Thunberg en tête de proue du mouvement pour le climat, l'avenir de la planète s'écrira-t-il en suédois ? Un nouveau mot de la langue scandinave s'est en tout cas déjà imposé : « Flygskam ».

L'expression, qui signifie littéralement « la honte de prendre l'avion », est apparue en fin d'année dernière - l'un des trente-trois mots à avoir intégré la langue suédoise en 2018, selon le site « The Local » - et désigne le mouvement qui consiste à privilégier les autres moyens de transport que l'avion pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.

Son occurrence ne cesse, depuis, de se multiplier, et bien au-delà de son pays natal. Derrière le buzz sur les réseaux sociaux, les chiffres publiés par le secteur des transports commencent déjà à témoigner d'un changement de comportement des Suédois depuis le début d'année.

Premier recul en dix ans

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En février, l'opérateur Swedavia AB, qui gère dix aéroports dans le pays, dont les deux principaux situés à Stockholm et Göteborg, a ainsi fait état pour la première fois en une décennie d'une baisse de son trafic passager. Un recul plus marqué sur les vols intérieurs (- 6 % sur un an) que sur les vols internationaux (- 2 %).

Les chiffres publiés pour l'ensemble des 38 aéroports du pays au premier trimestre 2019 par l'Agence suédoise des transports ont ensuite confirmé cette tendance : le nombre de passagers a diminué de près de 4,4 % sur un an, dont - 5,6 % sur les vols intérieurs.

Swedavia reconnaît l'impact du mouvement « flygskam » mais l'identifie comme « un facteur parmi d'autres » pour expliquer ce recul. « Après une décennie de forte hausse et un record à 42 millions de passagers l'an dernier, il n'est pas inhabituel de voir ensuite une hausse plus modérée, voire un déclin », explique l'opérateur suédois.

Celui-ci souligne également l'impact d'une nouvelle taxe sur l'aviation qui tire les prix des billets vers le haut depuis l'an dernier, la « volatilité des marchés financier et immobilier » ainsi que la faiblesse de la couronne suédoise pour expliquer que les Suédois aient moins voyagé ces derniers mois.

Le gouvernement veut plus de trains de nuit

Le mouvement inquiète en tout cas suffisamment le secteur aérien pour que plusieurs acteurs aient récemment annoncé qu'ils « compenseraient » les émissions de dioxyde de carbone de leurs clients. La compagnie aérienne suédoise BRA et le voyagiste suédois Ving ont promis de le faire dès ce printemps, tout comme la compagnie belge TUI pour ses clients scandinaves, rapporte le site spécialisé suédois « Vagabond ».

Puisque l'aérien a du plomb dans l'aile, le ferroviaire, lui, fait logiquement figure de grand gagnant. SJ AB, principal opérateur ferroviaire du pays, a ainsi enregistré une hausse de 10 % de son chiffre d'affaires au premier trimestre 2019 sur un an. Le gouvernement suédois a, de plus, annoncé fin mars qu'il investirait 50 millions de couronnes (soit près de 4,8 millions d'euros) dans de nouveaux trains de nuits vers des villes européennes, sans préciser pour le moment lesquelles.

Faut-il y voir le point de départ d'un mouvement plus vaste sur le continent ? Pour le moment, les chiffres publiés par la plupart des aéroports des pays voisins témoignent toujours d'une hausse continue du trafic passagers, à l'image du reste du monde . Mais au vu de l'effervescence actuelle des mouvements pour le climat, à Londres comme à Paris , il n'est pas à exclure que la « honte de prendre l'avion » puisse s'étendre à d'autres pays aussi rapidement qu'en Suède.

Sophie Amsili

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