Des migrants sur l'île de Lesbos, en Grèce en 2016. Crédit : Reuters / Giorgos Moutafis
Des migrants sur l'île de Lesbos, en Grèce en 2016. Crédit : Reuters / Giorgos Moutafis

Un rapport publié jeudi avec le soutien d’une cinquantaine d’associations alerte sur le nombre d’agressions racistes en augmentation en Grèce. À l’approche de plusieurs scrutins importants, les ONG craignent que les discours politiques clivants viennent envenimer la situation pour les migrants qui sont les principales victimes de ces attaques.

Toujours plus de migrants sont victimes d’agressions en Grèce, selon un rapport publié jeudi 18 avril par le Racist Violence Recording Network, un conglomérat d’ONG regroupant 46 associations dont les branches grecques de la Croix-Rouge et d’Amnesty international.

Le rapport fait état de 117 agressions graves en 2018, la grande majorité ciblant des migrants et des réfugiés. Quelques cas isolés d’agressions homophobes ou liées à la haine religieuse envers des citoyens grecs ont également été rapportés.

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Le groupe d’ONG avait dénombré 102 incidents graves du même type en 2017 et 95 en 2016. Notant une progression constante ces trois dernières années, les auteurs du rapport craignent que les discours de campagne clivants qui risquent de fleurir avant les élections européennes et nationales de cette année puissent conduire à une explosion du nombre d’agressions. Lors des dernières élections nationales en 2015, 273 agressions graves avaient ainsi été perpétrées.

Le parti néonazi Aube dorée est tout particulièrement dans le viseur des ONG, inquiètes. Le nombre d'agressions qui est attribué à ses membres ou sympathisants s'est considérablement réduit depuis le meurtre du rappeur engagé Pavlos Fyssas en 2013, mais les violences sporadiques ont repris justement à l'approche des élections européennes et municipales et dans la perspective des législatives à l'automne.

Aube dorée, symbole des violences racistes

Entamé il y a quatre ans, le 20 avril 2015, un procès inédit contre des dirigeants, députés et membres d’Aube dorée est toujours en cours. Soixante-neuf personnes sont jugées, dont le leader du parti Nikos Mihaloliakos, député de 61 ans, et d'autres hauts dirigeants. Accusés de "constitution d'organisation criminelle" et de divers crimes et délits, les prévenus encourent de cinq à vingt ans de prison.

La direction du parti nie actuellement toute idéologie "néonazie" et "toute violence", et se proclame parti "d'extrême droite" et "nationaliste populaire".

Entré pour la première fois au Parlement en 2012, au pic de la crise économique en Grèce, Aube dorée est la quatrième force politique grecque avec 16 députés sur 300. Dans les intentions de vote aux élections européennes de mai, Aube dorée est créditée d'environ 5,5%, en baisse par rapport à son score aux dernières législatives de 2015 (6,9%).

 

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