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Les Etats-Unis veulent « réduire les exportations » de pétrole de l’Iran « à zéro »

L’administration Trump a annoncé qu’elle ne veut pas renouveler les exemptions aux pays qui importent du brut iranien.

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Publié le 22 avril 2019 à 16h08, modifié le 23 avril 2019 à 11h02

Temps de Lecture 7 min.

La plate-forme pétrolière de Soroush, dans le golfe Persique, le 25 juillet 2005.

Les Américains s’apprêtent à offrir un tour de montagnes russes au marché pétrolier mondial. Lundi 22 avril, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis ne vont pas renouveler le 2 mai les exemptions aux pays qui importent du pétrole iranien. Quelques heures auparavant, de premières fuites dans la presse avaient provoqué une hausse des cours du baril, qui s’est maintenu lundi à 74 dollars (environ 66 euros), son niveau le plus haut depuis près de six mois.

« Cette décision a pour but de réduire les exportations iraniennes à zéro, pour soustraire au régime sa principale source de revenus », a expliqué la porte-parole de la Maison Blanche dans un communiqué. Concrètement, cela signifie que tout pays qui importera du pétrole iranien après le 2 mai sera soumis à d’importantes sanctions américaines.

Pour comprendre cette situation, il faut revenir à la décision de Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien, en mai 2018. Le président américain annonce alors qu’il veut rétablir les sanctions « les plus dures de l’histoire » contre Téhéran. L’administration Trump prépare alors un plan pour « réduire à zéro » les exportations iraniennes de pétrole à partir de début novembre. Les hydrocarbures sont le moteur de l’économie iranienne.

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Exemptions pour six mois

Mais, pendant l’été 2018, les déclarations tonitruantes de Donald Trump sur le pétrole iranien font craindre que celui-ci ne vienne à manquer dans un monde qui consomme de plus en plus d’or noir. En septembre, la barre des 100 millions de barils consommés par jour est franchie. A mesure que l’échéance du 4 novembre approche, les prix du pétrole grimpent, laissant anticiper une flambée sérieuse des prix. Pour compenser la hausse, les alliés saoudiens des Etats-Unis ouvrent les vannes et augmentent leur production.

Début novembre, à la surprise générale, l’administration américaine décide de délivrer des exemptions pour six mois à huit pays importateurs de pétrole iranien. Parmi eux, l’Inde et la Chine, les deux plus gros clients de Téhéran. Progressivement, la production iranienne passe de près de 4 millions de barils à 2,6 millions par jour.

Mais les « faucons » de l’administration Trump restent sur leur faim : le président avait promis de mettre la « pression maximale » sur l’Iran. Dans un but clair : étouffer l’économie iranienne et pousser progressivement à un changement de régime. La question des exemptions agite les cercles républicains depuis plusieurs semaines, les plus radicaux accusant l’administration Trump de faire preuve de laxisme. Ainsi, le sénateur et ancien candidat à la présidentielle Ted Cruz a accusé, mi-avril, Mike Pompeo, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, pourtant présenté comme un dur, d’être trop complaisant.

La ligne la plus dure l’a donc emporté au sein du département d’Etat. Mike Pompeo a expliqué, lundi, que « le but de l’opération restait simple : priver le régime des fonds qu’il a utilisés pour déstabiliser le Proche-Orient depuis quarante ans et pousser l’Iran à se comporter comme un pays normal ».

Etudier d’autres options

Une opération qui risque d’être très difficile à mettre en œuvre, en particulier en Asie, où se trouvent les plus gros clients du brut iranien : la Chine a déjà fait savoir qu’elle considérait que sa coopération « ouverte, transparente, raisonnable et légitime avec l’Iran devait être respectée ». Dans un contexte de guerre commerciale tendue, on voit mal pourquoi Pékin ferait ce cadeau à Washington.

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La Turquie, qui dépend beaucoup des importations du pétrole iranien, a déjà fait savoir qu’elle n’acceptait pas la décision américaine. Même la Corée du Sud, pourtant alliée historique des Etats-Unis, a fait savoir qu’elle ferait « tout son possible » pour obtenir un « renouvellement de l’exemption ».

Les acheteurs indiens, japonais et sud-coréens disent avoir étudié d’autres options. Certains Américains espèrent opportunément pouvoir vendre à ces pays asiatiques du pétrole de schiste, dont la production continue de croître aux Etats-Unis. Mais tous les pétroles ne se valent pas : les huiles légères américaines ne sont pas appropriées pour les raffineries coréennes ou indiennes, qui nécessitent des pétroles plus lourds.

Contenir la flambée des prix

L’administration Trump doit aussi s’assurer que la flambée des prix est contenue, alors que le président américain ne cesse, dans le même temps, de tweeter que les cours du baril sont trop élevés et que cela est néfaste pour les consommateurs américains. Mike Pompeo a promis, lundi, que l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis s’étaient engagés à stabiliser le marché. « L’Arabie saoudite et d’autres dans l’OPEP vont plus que compenser la différence due à nos sanctions complètes contre le pétrole iranien », a résumé Donald Trump sur Twitter.

Le calcul n’est pourtant jamais aussi simple. D’autres facteurs majeurs, auxquels Washington n’est pas étranger, pourraient avoir un impact important. Tout d’abord, la déroute persistante de l’économie vénézuélienne, envers laquelle les sanctions américaines se sont durcies, continue d’affecter durement la production pétrolière du pays. Dans le même temps, la Libye replonge dans la guerre avec l’affrontement entre le maréchal Haftar et le gouvernement de Tripoli, ce qui pourrait affecter la production pétrolière du pays. D’autant plus que Donald Trump a décidé de soutenir il y a quelques jours, à la surprise générale, le maréchal Haftar et son offensive contre la capitale du pays.

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