En ce retour de week-end pascal, vos placards débordent sans doute de bons petits œufs, lapins et poules en chocolat. Mais derrière ces friandises appétissantes, l’industrie du chocolat a des impacts environnementaux et sociaux particulièrement néfastes. Des coûts cachés qui contribuent à mettre en péril l’avenir du cacao.

Les Français sont parmi les plus gros consommateurs de chocolat au monde. Rien qu’en ce week-end de Pâques, nous en avons dévoré 15 000 tonnes. Le secteur ne connaît pas la crise et c’est peu de le dire. La production de chocolat a été multipliée par 1,6 depuis le début des années 2000, et sa croissance annuelle est de 3 %.
Mais ce marché florissant ne profite pas forcément aux petits producteurs de cacao qui sont près de six millions à travers le monde. La majorité d’entre eux vit avec moins d’un dollar par jour. Et on estime que si 75 % de la production vient d’Afrique (et en particulier de Côte d’Ivoire), seuls 3 % des revenus retombent sur le continent. Selon l’ONG Mighty Earth, alors que 16 % de la valeur d’une tablette était reversé aux producteurs dans les années 80, cette part est aujourd’hui tombée à 7 %. À l’autre bout de la chaîne, cinq multinationales – Hershey, Mars, Mondelez, Nestlé et Ferrero – se partagent 80 % des parts de marché.

Infog le vrai coût du chocolat
Chocolat 100 % sans esclave
Plus grave encore, on estime à plus d’un million le nombre d’enfants exploités sur les productions cacaoyères en Afrique de l’Ouest. Même le chocolat issu du commerce équitable n’est pas irréprochable. En 2016, l’association Le Basic a publié une étude comparative des coûts sociaux et environnementaux des filières conventionnelles, durables et équitables en Côte d’Ivoire et au Pérou.
Elle démontre que la diminution du travail des enfants n’est pas significative dans les filières durables ou équitables si le mouvement coopératif n’est pas structuré. En Côte d’Ivoire par exemple, le Basic a constaté que seuls 20 % de la prime équitable étaient investis dans des services locaux (école, santé, transport…) et 30 % étaient directement versés aux producteurs et ne bénéficiaient donc pas à la collectivité.
Cela a donné naissance à des marques comme Tony’s Chocolonely dont le slogan vante un chocolat 100 % sans esclave. Celle-ci a été fondée aux Pays-Bas en 2005 par des journalistes qui avaient constaté que les plus grands producteurs de chocolat au monde achetaient leur cacao auprès de plantations qui embauchaient des enfants. Leur chocolat est fait avec des fèves de cacao traçables qu’ils achètent directement chez des coopératives partenaires au Ghana et en Côte d’Ivoire.
Un cercle vicieux
Le chocolat a également un impact sur l’environnement. Pour faire pousser les cacaotiers, les producteurs déforestent. C’est ainsi la troisième cause de déforestation au monde derrière le soja et l’huile de palme. En Côte d’Ivoire, c’est ainsi qu’une grande partie du couvert forestier a disparu : 80 % en vingt ans. Cette déforestation contribue au changement climatique qui va affecter la culture du cacao elle-même. Cette plante a en effet besoin pour pousser de pluies abondantes. Or, la tendance actuelle à la hausse des températures et aux épisodes extrêmes de sécheresse fragiliserait trop les sols.
Ce qui fait dire à certains experts que d’ici 2050, le cacao pourrait être en péril. Sur les près de 300 exploitations étudiées par les chercheurs, seulement 10 % pourraient ainsi continuer à produire du cacao si rien ne change. Un argument supplémentaire pour se tourner dès aujourd’hui vers des marques de chocolat responsables. Pour vous y retrouver, France Nature Environnement et Mighty Earth viennent de publier un classement. Lindt, Godiva et Valrhona caracolent en tête.

Concepcion Alvarez, @conce1 
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