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Au Liban, le « Fun Bus » offre un peu de répit aux enfants qui travaillent dans la rue

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Au Liban, le « Fun Bus » offre un peu de répit aux enfants qui travaillent dans la rue

Un projet financé conjointement par le HCR et l'UE offre aux réfugiés syriens et à d'autres enfants un lieu sûr pour apprendre et jouer, dans le cadre d'un programme plus large qui vise à mettre fin au travail des enfants et à les envoyer à l'école.
27 Février 2019 Egalement disponible ici :

Récemment, lors d’un après-midi, dans un quartier sombre de Beyrouth, la capitale libanaise, un bus aux couleurs vives se gare sur le bas-côté. Un groupe d'enfants vendant des chewing-gums et des mouchoirs en papier aux conducteurs à un carrefour très fréquenté rangent rapidement leurs marchandises et se rassemblent au bord de la route, impatients de monter à bord.


« Ils nous appellent ; ils nous disent de venir et de jouer », explique Abed, un réfugié originaire de Syrie, âgé de 12 ans. « On adore venir ici ». Pendant quelques heures, Abed et ses copains ont l’occasion d’être à nouveau des enfants normaux, qui jouent et qui apprennent, loin des dangers de la rue.  

Le « Fun Bus » est une initiative financée conjointement par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et l’Union européenne ; elle a été mise en place par la Fondation Makhzoumi, une ONG libanaise. Ce projet aide les enfants des rues au Liban, en leur fournissant du soutien et des loisirs, ce qui permet de réduire le temps qu’ils passent à travailler dehors.

« On roule dans Beyrouth, dans tous les quartiers de la ville. Nous proposons des activités de soutien psycho-social, des cours élémentaires d'alphabétisation et de calcul, ou du bricolage », explique Nadine Moussa, qui travaille pour la Fondation Makhzoumi.

« Je n’aime pas être dans la rue. »

Ce projet, qui a démarré en 2018, a déjà touché des centaines d’enfants qui travaillent dans Beyrouth. La plupart font partie des quelque 950 000 syriens enregistrés comme réfugiés dans le pays. Les plus jeunes sont obligés de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles appauvries, ce qui les empêche d’avoir une enfance normale et de bénéficier d’une éducation.

« Je n’aime pas être dans la rue », dit Alaa, un garçon de 14 ans originaire d’Alep en Syrie. « Je me fait agresser et je ne me sens pas en sécurité. Ici, je joue, je dessine et j'apprends. »

Dans le « Fun Bus », Alaa apprend l'alphabet, ce qui lui permet de faire autre chose que de vendre des bouteilles d’eau pour gagner environ 10 dollars par jour. « Les enfants ont un espace sécurisé pour s’exprimer », explique Moussa. « Ici, ils sont respectés et appréciés. Ils vivent leur enfance, même si ce n'est que durant quelques heures. »

Les enfants, qui sont régulièrement exposés à la violence dans les rues, peuvent parfois être agressifs. Les bénévoles du « Fun Bus » passent souvent du temps à jouer les médiateurs entre les enfants qui se battent ou se disputent, mais qui finissent ensuite par s’amuser avec une leçon ou un jeu marrant.

Le projet propose également aux enfants des sessions de sensibilisation aux dangers auxquels ils sont exposés dans la rue, en les aidant à se protéger. Abed, par exemple, a été blessé par une voiture qui lui a écrasé les pieds. Il n’est donc plus dans la rue pour le moment et il attend avec impatience, chaque semaine, le moment où il pourra monter à bord du bus.

Le « Fun Bus » fait partie d’un programme plus large mis en place par le HCR et ses partenaires pour « éviter que les enfants travaillent dans la rue », explique Sirine Comati du HCR.

Cet ambitieux programme vise à toucher les familles de ces enfants qui travaillent et les encourage à les sortir de la rue. Les parents reçoivent une formation professionnelle pour les aider à trouver un emploi et faire en sorte qu’ils ne dépendent plus de l’argent rapporté par leurs enfants.

Quand c’est possible, les enfants sont inscrits à l'école. Beaucoup n'ont jamais assisté à un cours ou ils ont manqué plusieurs années d’éducation.

« J'aimerais pouvoir retourner à l'école. »

« Nous sensibilisons les gens aux dangers de la rue et nous donnons aux parents la possibilité de croire en l'idée que s'ils retirent leurs enfants de la rue, ils seront en mesure de leur offrir une vie meilleure », ajoute Sirine Comati.

Grâce à cette approche, le programme a réussi à sortir 150 enfants de la rue au cours des deux dernières années, mais de nombreux défis restent à relever. Plus de deux tiers des réfugiés syriens au Liban vivent en dessous du seuil de pauvreté, avec un accès limité à des possibilités d’emplois, ce qui ne laisse souvent pas d'autre choix que d'envoyer leurs enfants travailler pour s’en sortir.

Alaa venait juste de terminer sa 4e année lorsque son père est décédé l'année dernière. Il a quitté l'école et est allé rejoindre les autres enfants qui travaillent dans la rue. « Je devais travailler pour aider ma mère et mes frères et sœurs. J'aimerais pouvoir retourner à l'école, mais pour l’instant je n'ai pas le choix », dit-il.

Après avoir terminé sa leçon d’alphabet, Alaa attrape ses bouteilles d’eau et se dirige à nouveau vers le carrefour, en disant : « Je suis impatient de pouvoir remonter dans le bus la semaine prochaine. »