Le méningocoque B, potentiellement mortel mais oublié du calendrier vaccinal
Par Olivier Bénis, Véronique JuliaÀ l'occasion de la journée de la méningite ce 24 avril, des infectiologues lancent un appel pour que la vaccination contre le méningocoque B soit, sinon obligatoire, au moins recommandée. Ce méningocoque est responsable de près des 2/3 des méningites bactériennes. Or la maladie peut être létale dans 20 à 30 % des cas.
Contrairement au méningocoque C, dont la vaccination est devenue obligatoire pour les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018, la vaccination contre le méningocoque B n'est, elle, toujours pas dans le calendrier vaccinal. Or la maladie peut être létale (dans 15 à 20% des cas) ou laisser à l'enfant des séquelles graves (20 à 30% des cas). Elle est aussi responsable de près de deux cas de méningites bactériennes sur trois.
Les publics les plus exposés à ces méningites bactériennes, qui peuvent être foudroyantes, ce sont les nourrissons et les enfants de moins 4 ans, mais aussi les adolescents...
Chef des urgences pédiatriques à l'hôpital Lenval de Nice, le docteur Hervé Haas constate, impuissant, des cas dramatiques aux urgences. "On a eu récemment un enfant de 18 mois à qui il a fallu faire une amputation d'une jambe et de tous les doigts d'une main", explique-t-il. "Ils avaient été détruits par l'infection."
Vaccin facultatif pour l'infection la plus fréquente
En France, le vaccin contre le méningocoque C est devenu obligatoire en 2018, avec une première injection à cinq mois, et un rappel à un an. Mais ces méningites-là ne représentent que 25% des cas : en France, la plupart des infections sont des méningocoques B. C'est donc sur elles aussi et surtout que la vaccination devrait mettre l'accent.
Pour Hervé Haas, l'exemple à suivre c'est la Grande-Bretagne, qui vaccine massivement les bébés depuis trois ans, et où le nombre de cas aurait déjà été réduit de moitié : "Ils vaccinent tous les enfants de moins de deux ans avec une remarquable efficacité. Et la discussion est en cours pour vacciner les enfants de deux à cinq ans."
Les infections invasives à méningocoque sont relativement peu communes en France : 546 cas enregistrés en 2017, à l'origine de 62 décès (selon des données de Santé publique France). Au-delà des méningites B et C, les méningites W et Y sont encore très rares mais progressent d'année en année.
Références