Peut-on continuer de manger les animaux ?

Elevage de lapins en France. ©AFP - XAVIER LEOTY
Elevage de lapins en France. ©AFP - XAVIER LEOTY
Elevage de lapins en France. ©AFP - XAVIER LEOTY
Publicité

Nous recevons Brigitte Gothière, co-fondatrice de l’association de défense des animaux L214 et co-auteure de “La face cachée de nos assiettes”, et Paul Ariès, politologue spécialiste de l'alimentation qui a écrit "Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester sans culpabiliser".

Avec
  • Paul Ariès Politologue, essayiste et rédacteur en chef du mensuel Les Zindigné.e.s, il dirige l'Observatoire International de la Gratuité (OIG)
  • Brigitte Gothière Co-fondatrice de l’association L214, association de protection animale

Lundi 8 avril dernier, le tribunal de police a condamné le directeur de l'abattoir d’Alès dans le Gard à trois contraventions de 400 euros pour « installations et équipements non conformes ». Cette condamnation fait suite à une vidéo de l'association de défense des animaux L214 qui montrait les mauvais traitements infligés aux bovins, moutons et porcs dans cet abattoir municipal. Le même jour, deux activistes antispécistes ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Lille à dix et six mois de prison ferme pour avoir dégradé ou incendié des boucheries, restaurants ou commerces des Hauts-de-France. Une différence de condamnation entre ces deux affaires que dénoncent des défenseurs des animaux, dont L214. Alors que 88 % des Français considèrent que la protection des animaux d’élevage devrait être renforcée, la France est-elle en retard sur le droit des animaux ? 

Nous recevons la co-fondatrice de l’association L214, qui dénonce à travers des vidéos la maltraitance animale dans les élevages intensifs et abattoirs français, Brigitte Gothière. Elle est également co-auteure de l’ouvrage La face cachée de nos assiettes paru chez Robert Laffont. 

Publicité

Elle est rejointe en deuxième partie d’émission par Paul Ariès, politologue spécialiste de l'alimentation, militant écologiste, auteur de la Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester sans culpabiliser paru aux éditions Larousse, également animateur d’un appel pour la défense de l'élevage paysan et des animaux de fermes.

Brigitte Gothière

Pythagore, entre deux triangles rectangles, s'interrogeait sur la légitimité de mettre à mort des animaux pour les manger.

L214 est une association qui expose un changement de civilisation, afin de ne plus considérer les animaux comme une ressource alimentaire à notre disposition. C’est un changement d’habitudes alimentaires. On propose une mise en cohérence de notre société par rapport à ses valeurs altruistes, de bienveillance, qui s’étendent déjà aux animaux domestiques.

La question de la viande a été primordiale, elle permettait de s'alimenter, elle répondait à un besoin, c'est encore le cas dans certaines régions du monde. Maintenant, en France, nous sommes en surconsommation de produits d'origine animale.

"On a 80% des abattoirs aujourd’hui qui ne répondent pas aux normes. Les abattoirs mobiles ne peuvent pas répondre à la demande de viande qui est extraordinaire."

On a un gouvernement qui agit à l’encontre des intérêts des animaux. On l’a vu pendant la loi Alimentation en 2018 où on a écarté l’instauration de la vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs ou l’interdiction des cages pour poules pondeuses. En revanche, on remarque que les chasseurs et les industriels de l’élevage intensif ont l’oreille attentive de nos dirigeants.

Grâce notamment aux actions de l’association L214, plus de 150 entreprises se sont engagées d’ici 2025 à ne plus utiliser ou acheter d’œufs de poules élevées en batteries.

Paul Ariès

J’essaie de définir ce que pourrait être une troisième voie, entre les « sales viandes » à bas coût du système industriel, et les « fausses viandes ». Je défends avant tout le droit à l’alimentation de sept à huit milliards d’humains et le droit de vivre des paysans. Si je m’en suis pris au véganisme, c’est d’un point de vue anti-productiviste.

L’opposition n’est pas entre protéines végétales et protéines animales, mais entre la production industrielle de protéines animales et végétales et d’un autre coté l’agriculture paysanne.

L'équipe