Le Kremlin-Bicêtre : jusqu’à 10 ans ferme pour les jeunes qui ont lynché Amine

Neuf jeunes ont été condamnés pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Les juges sont allés au-delà des réquisitions. Des peines «exemplaires».

 Créteil, ce jeudi. Gulay Safsafi, sa sœur et son mari, Samir Safsafi ont suivi le procès des auteurs de la mort de leur fils Amine.
Créteil, ce jeudi. Gulay Safsafi, sa sœur et son mari, Samir Safsafi ont suivi le procès des auteurs de la mort de leur fils Amine. LP/Anne-Laure Abraham

    Des cris, des jeunes qui se débattent, une femme qui s'accroche à son fils et ne veut pas le laisser partir, une bagarre qui nécessite l'intervention de la police. Les peines prononcées ce jeudi soir par la juge au tribunal de Créteil dans l'affaire de la mort d'Amine Safsafi, un adolescent de 15 ans lynché par un groupe de jeunes en janvier 2014 au Kremlin-Bicêtre, se sont faites sous très haute tension.

    Après trois jours de procès, les juges sont en effet allés au-delà des réquisitions du procureur : dix ans de prison ferme contre huit demandées pour l'un, huit contre six ou cinq demandées pour deux autres, six contre cinq pour deux autres. Au total, cinq jeunes hommes, âgés de 18 à 20 ans, qui étaient arrivés libres le matin sont partis en prison à l'issue de l'audience.

    Les quatre autres prévenus ont écopé de quatre à cinq ans de prison, assortis de sursis. Deux d'entre eux déjà détenus pour d'autres faits restent derrière les barreaux. « Les juges ont dit qu'ils prononçaient des peines exemplaires compte tenu de la gravité des faits », confie une avocate à la sortie. Jugés à huis clos par le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle, car âgés de moins de 16 ans au moment des faits, ils encouraient en tant que mineurs dix ans de prison.

    Un « soulagement » pour le père de la victime

    Pour Samir Safsafi, le père de la victime, le jugement, obtenu selon lui, grâce à ses défenseurs Aurore Dorget et Francis Szpiner, est un « soulagement » : « On ne sera jamais satisfait de la peine car pour nous, ils auraient dû être jugés pour meurtre en tant que majeurs et avoir plus, mais on a réussi à montrer la violence et l'injustice de ce qu'ils ont fait et à ce que la mort de mon fils ne soit pas bradée. » La maman, submergée par l'émotion, était incapable de parler.

    Du côté de la défense, une avocate évoque un procès « difficile non seulement de par les conséquences mais aussi parce qu'on arrive cinq ans après les faits » : « Il y en a beaucoup qui ont réussi à faire quelque chose de leur vie et qui ont réalisé qu'ils étaient allés trop loin. Ces peines, c'est annihiler tous les efforts faits par certains pour s'en sortir ». La partie civile tacle au contraire le fait que certains ont tenté de se « dédouaner ».

    Un deuxième procès est d'ores et déjà attendu pour cinq autres jeunes hommes poursuivis pour les mêmes faits, cette fois devant la Cour d'assises des mineurs car âgés de plus de 16 ans au moment des faits. Mais aucune date n'est prévue pour l'instant.