Ils ont manifesté par dizaines de milliers le 15 mars dernier pour accélérer la lutte contre le changement climatique. Les étudiants français restent pourtant encore peu formés aux enjeux climatiques et énergétiques. Selon une étude du Shift Project, seules 11 % des formations du supérieur dispensent des cours obligatoires sur cette thématique.

Les jeunes étudiants qui feront carrière en tant qu’ingénieurs, hauts dirigeants ou hauts fonctionnaires sont-ils suffisamment formés aux enjeux de leurs temps, concernant la transition énergétique par exemple ? À écouter certains jeunes diplômés, absolument pas. Et les statistiques, recueillis par le Shift Project dans une étude récente sur le climat dans l’enseignement post-bac leur donne raison (1). 
"Rien sur les enjeux environnementaux et sociaux" dans les cours proposés
"J’ai été marqué par le manque de sens des cours proposés : absolument rien sur les enjeux sociaux et environnementaux alors que l’on parle des défis majeurs de ce siècle. C’est comme si les écoles de commerce vivaient encore au siècle dernier, comme si les chocs pétroliers, la bulle Internet, la crise de 2008, la crise de la dette n’avaient rien changé alors que tout tend à nous montrer qu’il faut repenser notre système", témoigne un jeune diplômé.
Comme lui, ils sont nombreux à s’inquiéter du manque de réactivité du supérieur sur les questions climatiques et énergétiques. Il n’y a qu’à voir l’engouement que suscite la jeune Greta Thunberg avec son mouvement de grève mondial. Le 15 mars dernier, des dizaines de milliers de jeunes ont suivi son appel et ont défilé dans toute la France. Mais ce n’est "que la partie émergée de l’iceberg", assure le Shift Project dans son rapport.
Les écoles d’ingénieur, plus conscientes des enjeux que les écoles de commerce ? 
Selon les données du think tank qui a passé au crible 34 établissements – de HEC à Mines Paris-Tech en passant par La Sorbonne et l’ENA, il apparaît que 76 % des formations n’abordent pas les questions environnementales. Et seules 11 % dispensent au moins un cours obligatoire sur les enjeux climat-énergie (transition énergétique, changement climatique, limites des ressources, sobriété, empreinte carbone, mix énergétique …).
Les écoles d’ingénieur sortent du lot avec 26 % de cours obligatoires. Mais ce taux tombe à 11 % dans les écoles de hauts fonctionnaires, à 7 % dans les universités et à 6 % dans les écoles de commerce. "Les causes du changement climatique demeurent mal identifiées, ce qui conduit à de mauvais arbitrages sur les solutions à mettre en œuvre. Or, les études supérieures constituent un moment privilégié de formation aux enjeux climat-énergie en lien avec le futur métier. Seule une nation informée et formée peut réussir à atténuer l’impact du changement climatique, et préparer la France aux bouleversements énergétiques à venir", concluent les auteurs.
Concepcion Alvarez, @conce1 
(1) Voir le rapport ici

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