Moqueries, insultes, photos de singe... Depuis le début de l’année, des étudiants noirs de deuxième année de sociologie de l’université de Metz (Lorraine) sont victimes de harcèlement et de racisme de la part de certains de leurs camarades. Les victimes ont décidé de porter plainte et l'administration a signalé les faits à la justice.
"Ils osent venir et rigoler avec toi après ça...", souffle une étudiante de l’université de sociologie de Metz, en Lorraine. Depuis le début de l’année, une dizaine d’élèves de sa classe de deuxième année de sociologie ont créé sur Facebook une conversation Messenger dans le but... de prendre en photo des personnes noires de leur promotion pour s'en moquer.
"Ce climat raciste dure depuis l’année dernière", explique à Marianne Julie*, l’une des victimes. En cours relate-t-elle, les blancs s’installent entre eux, à l’écart des étudiants noirs. Lorsque ces derniers arrivent en classe, ils sont accueillis par des moqueries, des jurons. Leur dernier jeu en date ? Asperger de parfum un étudiant noir dès qu’il arrive en classe, rapporte une autre étudiante, "pour couvrir l’odeur, disent-ils".
"Ils se bouffent le cul les bonobos"
Sur la conversation Messenger créée, les personnes noires de la promotion sont prises en photo, souvent en gros plan. Les participants s’en donnent alors à cœur joie dans les commentaires, que nous avons pu consulter : "Ils cherchent des poux dans le cul à jojo", "un noir énorme", "ils se bouffent le cul les bonobos"... Le tout, à grand renfort d’emojis représentant des singes.
Un harcèlement qui ne touche pas que les étudiants de deuxième année. En première année, alors qu’une professeure d’anthropologie de couleur vient donner un cours, elle est aussitôt prise en photo et également moquée sur le groupe de discussion.
"Les policiers n’ont pas pris notre plainte"
Signalement au parquet
Mise à jour de l'article
Les propos racistes ont été signalés au parquet de Metz par l'université de Lorraine qui va convoquer "dès le début de cette semaine les auteurs des faits", a-t-elle annoncé ce dimanche 28 avril. Une "commission d'enquête interne à l'Université de Lorraine va, dès le début de cette semaine, convoquer les auteurs des faits, entendre les différentes victimes et témoins des agissements racistes qui ont été révélés ces derniers jours", est-il indiquédans un nouveau communiqué, qui ajoute : "En parallèle, un signalement au procureur de la République a été effectué dès ce week-end par l'Université de Lorraine". "L'Université de Lorraine mettra en place, dès lundi, un dispositif d'accompagnement et d'écoute en direction des personnes victimes et de la communauté universitaire", est-il encore écrit. La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a réagisur Twitter, appelant à la "tolérance zéro face à ces comportements inacceptables sur nos campus comme ailleurs".