Petites retraites à 1 000 euros : ce qui se cache derrière l'annonce de Macron

Le président a annoncé jeudi, lors de sa grande conférence de presse, que les petites retraites ne pourront plus être inférieures à 1 000 euros. Décryptage.

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Le minimum de pension est différent du minimum vieillesse.

Le minimum de pension est différent du minimum vieillesse.

Temps de lecture : 3 min

L'annonce est passée un peu inaperçue, mais Emmanuel Macron a fait un nouveau geste à destination des retraités modestes, jeudi soir lors de son intervention télévisée. Le président a demandé que plus aucun retraité ne touche, à l'avenir, une pension inférieure à 1 000 euros par mois, pour ceux qui ont suffisamment cotisé tout au long de leur carrière mais sur des revenus faibles. Cette précision est importante.

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Le président ne parle pas des retraités bénéficiaires de l'Aspa (minimum vieillesse), une aide sociale destinée aux personnes de plus de 65 ans qui n'ont pas assez cotisé au cours de leur carrière pour toucher une pension correcte. Conformément à une promesse de campagne, ce minimum a été revalorisé au-delà de l'inflation depuis le début de son mandat et va encore augmenter pour atteindre 903 euros en 2020. Une première hausse de 30 euros a eu lieu le 1er avril 2018, puis une seconde hausse de 35 euros le 1er janvier 2019. Une troisième augmentation interviendra au 1er janvier 2020. En trois ans, l'écart devrait donc atteindre 100 euros, conformément à une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.

Mais cette revalorisation posait la question de l'écart entre cette aide sociale, assurée par la solidarité nationale, et les pensions minimales de ceux qui ont cotisé suffisamment pendant leur carrière tout en étant mal rémunérés. Pour s'assurer que le travail d'une vie paie davantage que l'aide sociale, le président veut donc aussi augmenter le « minimum contributif » (Mico) versé aux retraités qui ont une faible pension tout en ayant atteint leur retraite à taux plein.

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Passer de 80 % du smic à 85 %

Vendredi, la ministre chargée des retraites, Agnès Buzyn, a annoncé que le gouvernement tenterait d'appliquer cette promesse présidentielle dès 2020. Sur le papier, l'augmentation proposée par le chef de l'État paraît importante. Le Mico complète la retraite de base des retraités pour qu'elle ne soit pas inférieure à 636,56 euros. Cette somme peut être portée à 695,59 euros si la personne a réussi à valider par ses cotisations au moins 120 trimestres. On pourrait croire que l'augmentation pourrait atteindre plus de 350 euros.

Sauf que ces montants de Mico, très inférieurs au minimum vieillesse, ne comprennent pas le versement de la retraite complémentaire des salariés du privé, qu'il faut rajouter pour avoir la pension totale. Or c'est bien le montant total de pension perçue que vise Emmanuel Macron quand il parle d'assurer au moins 1 000 euros aux retraités modestes.

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Une loi de 2003 ambitionnait d'atteindre 85 % du smic minimum (pension complémentaire comprise) pour les bénéficiaires du minimum contributif. Mais cet objectif n'est pas rempli. Selon l'entourage de Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites contacté par Le Point, la moyenne se situe aujourd'hui aux alentours de 80-81 % du smic net. Jusqu'au début de cette semaine, le haut-commissaire se fixait pour ambition d'arriver, dans le cadre de sa grande réforme en préparation, « au moins au niveau actuel ». « La demande du président d'atteindre 1 000 euros revient à nous demander d'atteindre 85 % du smic. On n'est pas déstabilisé par ces annonces », souligne-t-on.

En ce qui concerne les exploitants agricoles (qui touchent souvent des pensions encore plus faibles), le minimum contributif assure aujourd'hui seulement 75 % du smic, selon une source proche du haut-commissaire. Pour ce public, l'effort annoncé par le président devra donc être plus important. Tout comme pour les petits artisans et commerçants qui ne dégagent pas beaucoup de revenus. Toute la question est de savoir si on leur demandera en échange d'augmenter leurs cotisations, eux qui ne fournissent pas le même effort contributif que les salariés du privé.

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Commentaires (57)

  • Apram

    1. ASPA (min vieillesse) Min 903 Euros, pour ceux qui ont cotisé moins de 120 trimestres, c'est une très bonne nouvelle, bravo encore, cher M Le Président.

    2. Min contributif retraite pour les plus de 120 trimestres : 1000 Euros, là encore, c'est un bon geste.

    En un mot : Merci pour eux.

  • HOLLYWEB

    Bin voyons un ptit commerce dans le Berry ou la Creuse ça se vend comme du petit pain... Carrefour, Casino ou Leclerc passe par là et bingo... Les tropiques assurés ! Vos commentaires sont affligeants, je me suis promis de les éviter à tout prix.

  • gimor

    JE suis octogénaire et à force d'entendre parler de la dépendance, j'ai presque honte d'être encore sur terre. Tout en étant catholique pratiquante j'adhère depuis de nombreuses années à l'ADMD (aide à mourir dans la dignité). Dans les pays où l'on applique cette loi il y a ds catholiques aussi, alors qu'en France ce sont eux, les plus conservateurs qui bloquent cette décision. ESt-ce préférable d'attendre des suicides
    souvent terribles...