« Dans une photo de Pierre et Gilles », le duo de l’innocence retrouvée

Influences - Dans une photo de Pierre et Gilles

Influences - Dans une photo de Pierre et Gilles © MORGANE PRODUCTION

D’Eddy de Pretto à Madonna, tout le monde a posé pour eux.. Ce documentaire subtil fait le portrait d’un couple de photographes obsédé par un seul et même motif : l’icône.

Ils sont deux et partagent le même regard. Celui qui a forgé en grande partie l’esthétique des années 1980 et qui n’en finit plus de faire des petits de ce côté-ci du siècle. En 2019, à une époque où le grand public est bombardé d’images, le moment est bien choisi pour que la série documentaire « Influences, une histoire de l’art au présent » aille à la rencontre de Pierre, le peintre, et de Gilles, le photographe, devenus un duo de portraitistes au travail reconnaissable entre tous. Dès les premières minutes du documentaire d’Elisabeth Couturier et Chantal Lasbats, il est question de crayons de couleur. Car ces artistes prennent le temps de faire des croquis, de rassembler des accessoires et de rencontrer la vedette ou l’anonyme portraituré plusieurs jours avant d’entamer la prise de vue.

Pendant le tournage du film, ils s’attaquent avec délicatesse au chanteur Eddy de Pretto qu’ils imaginent en petit roi (photo) . Si le mot « univers » est un des plus employés dans le monde de l’art, il n’est ici pas du tout galvaudé. Depuis leur premier studio de 35 mètres carrés où ils photographiaient des amis à leur atelier actuel en forme de caverne d’Ali Baba, on découvre un parcours où l’artisanat est au service d’un imaginaire débridé, à mille lieues des manips sur Photoshop. Sur un marché ou dans un bazar de rue, le couple achète des gadgets qui n’ont l’air de rien mais qui les aideront à composer un décor grandeur nature pour leur sujet. Fort heureusement, le doc a pris le parti de s’intéresser à leur façon de travailler plutôt qu’à la longue liste de stars qu’ils ont mises en scène, Madonna, Etienne Daho, Stromae, ou à leurs amis Jean-Paul Gaultier et Farida Khelfa.

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En passant, on découvre, outre l’ombre de Jean Genet, leur ferveur religieuse qui les aide à manipuler les symboles et les images pieuses. En somme, nous nous trouvons, comme au Moyen Age, face à deux véritables créateurs d’icônes. Une fois les 52 minutes écoulées, le spectateur aura une pensée émue pour le professeur de Pierre qui, en lui disant que les harmonies entre le jaune citron et le noir ne fonctionnaient pas, l’a poussé à bâtir son propre style.

Samedi 27 avril à 22h25 sur France 5. Documentaire de Chantal Lasbats et Elisabeth Couturier (2019). 52 min. (Disponible en replay sur france.tv).

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