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Pourquoi l’alcool et le cannabis sont mauvais pour le sommeil

S’il est pris régulièrement, le cannabis peut rendre insomniaque. 170219943/Rawpixel.com - stock.adobe.com

Les mécanismes par lesquels l’alcool et le cannabis altèrent la qualité du sommeil sont de mieux en mieux connus.

Qu’alcool et sommeil ne fassent pas bon ménage est chose connue. Nombreux sont ceux et celles qui en font l’expérience au moment des fêtes de fin d’année: éreintés au petit matin après une soirée arrosée et une nuit agitée. Côté drogue que l’on dit «relaxante», ce n’est vraiment pas mieux: le cannabis est aussi un faux ami du sommeil. Si, à l’instar de l’alcool, il fait facilement sombrer dans les bras de Morphée, il rend, par ailleurs, insomniaque quand on en fait un usage trop fréquent.

L’alcool diminue le temps de sommeil profond

«Alcool et cannabis déstructurent le sommeil par des processus différents. Mais dans les deux cas, l’addiction pose de gros problèmes au moment du sevrage», remarque le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialisée dans les troubles du sommeil et présidente du réseau de santé Morphée. L’alcool est dit «dépresseur du système nerveux central»: c’est-à-dire qu’il ralentit dans un premier temps les fonctions cérébrales, exerçant ainsi des effets sédatifs. Mais il perturbe ensuite les cycles du sommeil, diminuant le temps passé en sommeil profond car il entraîne davantage de réveils. En particulier, il agit sur une hormone, la vasopressine, ce qui va provoquer l’envie fréquente d’uriner.

On en sait plus sur les mécanismes en jeu avec l’alcool grâce aux travaux publiés en mai dernier par des chercheurs de l’université du Missouri. Ces scientifiques ont mené l’expérience avec des rongeurs. En les autorisant à s’autoadministrer de l’alcool quatre heures durant, ils ont simulé la pratique du binge drinking ou beuverie express, qui consiste à boire un maximum de verres en un minimum de temps, jusqu’à être complètement ivre. Le Pr Mahesh Thakkar et ses collaborateurs ont ensuite observé les rythmes veille-sommeil des souris, mais aussi mesuré le niveau d’expression de différents gènes, dont l’un important pour la production d’une substance appelée adénosine. Elle est dite «hypnogène»: elle s’accumule pendant la journée et finit par induire le sommeil. Les scientifiques ont noté qu’elle était moins présente après l’épisode de beuverie.

Le cannabis altère l’horloge biologique

Quid du cannabis? «On sait qu’il agit sur des enzymes impliquées dans la fabrication de la mélatonine, dont il retarde ainsi la sécrétion», explique le Dr Sylvie Royant-Parola. Or, cette mélatonine produite durant la nuit joue un rôle crucial dans la régulation de notre horloge biologique. Le cannabis contribuerait ainsi à altérer le rythme du sommeil en le décalant. Son action est naturellement d’autant plus prononcée qu’il est fréquemment consommé: c’est ce que vient de découvrir l’équipe du Pr Deidre Conroy, de l’université du Michigan.

En suivant le sommeil de 98 fumeurs de joints, les chercheurs ont, en effet, constaté des différences suivant leur niveau de consommation. Une insomnie était présente près de quatre fois sur dix en cas d’usage quotidien du cannabis, contre une fois sur dix pour un usage occasionnel. Des résultats qui confortent ceux de plusieurs études ayant mis en exergue, chez les jeunes, les liens entre les problèmes de sommeil et la consommation de drogue et/ou d’alcool.

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27 commentaires
  • Lhumanism7cmaintenant

    le

    Comme dis ma vieille tantine, il faut pas mélanger le pinard avec le pétard.... Et de toute façon je bois pas!

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