
Tribune. Tipaza, la mer scintille devant les ruines romaines, la stèle à Camus (« Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure. »). Escale un peu convenue, intemporelle, mais ce que me dit Hocine, qui m’accompagne, éveille des échos très contemporains : « Nous autres Algériens, on est berbères, arabes, espagnols, français, juifs, romains, méditerranéens. »
Evidemment Hocine est ingénieur, il est incollable sur les empereurs romains, ce n’est pas l’Algérien moyen. Néanmoins son désir d’affirmer le caractère bigarré, historiquement mélangé, de son pays, qui me paraît représentatif de l’opinion d’une partie au moins de ceux qui défilent chaque vendredi, je l’ai rencontré chez d’autres interlocuteurs.
Chez celui-là par exemple qui, passant devant la mosquée Farès, au pied de la Casbah, tient à me signaler que c’était autrefois la Grande Synagogue, et qu’on l’appelle toujours Djamâa Lihoud, « la mosquée des juifs » (à propos de mosquées : celle, géante, que Bouteflika espérait inaugurer à Alger, dont on aperçoit de partout le minaret de près de 300 mètres de hauteur, suscite les sarcasmes : inutile, scandaleuse gabegie, fruit d’une rivalité ridicule, puérile, avec le roi du Maroc et sa mosquée de Casablanca).
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