La fabuleuse histoire derrière le « bleu » d’Yves Klein

yves klein
Peter Macdiarmid/Getty Images

Avant d’être mondialement connu pour son fameux « bleu », Yves Klein était déjà surnommé « Yves le monochrome ». « Pour peindre l’espace, je me dois de me rendre sur place, dans cet espace même. Sans trucs ni supercheries, ni non plus en avion ni en parachute […] Jamais par la ligne, on n’a pu créer dans la peinture une quatrième, cinquième ou une quelconque autre dimension ; seule la couleur peut tenter de réussir cet exploit », avait-il confié en 1946. Dix ans plus tard, le peintre se rapproche d’un certain Édouard Adam, marchant parisien, et d’un chimiste de Rhône-Poulenc – groupe chimiste et pharmaceutique. Ensemble, ils vont mettre au point un médium fixatif avec une résine synthétique baptisée Rhodopas. En séchant, celle-ci se rétracte et laisse apparaître le pigment pur. Ainsi né le bleu outremer.

Il en fera son principal outil de travail, considérant cette couleur comme la plus abstraite qui soit. « Le bleu n’a pas de dimension, il est hors dimension, tandis que les autres couleurs elles en ont […] Toutes les couleurs amènent des associations d’idées concrètes […] tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu’il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible », avait-il expliqué.

En mai 1957, une série de cartes postales bleues oblitérées de timbres IKB est envoyée pour annoncer l’exposition Propositions monochromes à Paris. Trois ans plus tard, le 19 mai 1960, Yves Klein déposera à l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle), sous l’enveloppe Soleau numéro 6341, la formule de son « International Klein Blue ». Un moyen, selon le scientifique Philip Ball, de « marquer l’authenticité d’une idée créative » tout en protégeant ses intérêts commerciaux. Aujourd’hui, ses œuvres sont exposées dans les plus grands musées du monde.