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La couleur de nos yeux nous prédisposerait à certains traits de caractère

Depuis la nuit des temps, l’être humain cherche à décoder l’autre en analysant les traits de son visage. Mais notre apparence physique nous révèle-t-elle vraiment aux autres? Oui, semblent affirmer certaines études scientifiques

Delphine Poggianti/Delcreations/123RF
Delphine Poggianti/Delcreations/123RF

Chaque début de semaine, «Le Temps» propose un article autour de la psychologie et du développement personnel.

«Sa physionomie annonçait son âme.» C’est ainsi que Voltaire, physiognomoniste avant l’heure, décrit Candide, un jeune homme à l’esprit simple. Pour rappel, la physiognomonie est une «méthode fondée sur l’idée que l’observation de l’apparence physique d’une personne, et principalement les traits de son visage, peut donner un aperçu de son caractère ou de sa personnalité».

Très controversée car entièrement dénuée de fondement scientifique, cette théorie a connu son heure de gloire au XIXe siècle. Au XXe, elle a ensuite fait le lit du nazisme. De nos jours, elle réapparaît régulièrement dans les magazines féminins et, plus alarmant encore, dans les entreprises, par le biais du coaching.

Afin de diminuer le risque d’un «mauvais» recrutement, certains coachs proposent en effet aux recruteurs des outils permettant de déterminer les aptitudes intellectuelles, relationnelles et instinctives des candidats à un poste à partir de l’analyse de leurs portraits. Pour des raisons évidentes, des phrases telles que «ce nez ne convient pas au poste» ou «ce menton fuyant n’est pas celui d’un dirigeant» sont inquiétantes. Comment démêler le vrai du faux? Que dit la science?

Des traits dissymétriques? Une enfance défavorisée

D’innombrables études ont montré que les individus préfèrent les visages symétriques. L’explication la plus courante est que les traits symétriques indiquent de bons gènes, laissant supposer qu’une personne possédant ces caractéristiques est un bon candidat pour la reproduction. Ce que l’on ignore cependant peut-être est que la symétrie faciale est aussi le signe d’une enfance heureuse.

Dans Décrypter les gens (Ed. Leduc.s), la journaliste scientifique Rita Carter cite une étude intéressante. «Des chercheurs de l’Université d’Edimbourg ont analysé les traits du visage de 292 personnes âgées de 83 ans et ont fait le rapprochement entre la symétrie de leur visage et des informations détaillées concernant leur statut social durant l’enfance, la situation professionnelle de leurs parents et la composition du foyer.»

Les chercheurs ont étudié 15 différents «repères» sur les visages, parmi lesquels figuraient la position des yeux, du nez, de la bouche et des oreilles. «Ils ont découvert un lien fort entre la symétrie des traits et l’éducation reçue. Les individus ayant un visage plus symétrique avaient reçu une éducation plus privilégiée et connu une enfance plus facile que les personnes au visage asymétrique. Cette particularité était encore plus marquée chez les hommes», étant précisé que les événements produits durant leur vie d’adulte n’avaient eu aucun effet sur la symétrie de leur visage. Autrement dit, les personnes qui avaient eu par la suite une vie confortable et aisée continuaient de porter sur leur visage les signes des privations de leur enfance.

Les yeux bleus ont moins le blues

Plus étonnant encore, les chercheurs de l’Université de Pittsburgh ont découvert que les femmes aux yeux clairs tolèrent mieux la douleur de l’enfantement que les femmes aux yeux marron ou noisette, et sont moins susceptibles de souffrir de baby-blues et d’angoisse. Pour Inna Belfer, la raison est à chercher du côté des gènes liés à la mélanine, lesquels prédisposeraient à une plus grande sensibilité à la douleur.

Une étude sur les perceptions de la couleur des yeux et le comportement intitulée Eye Colour and Personality a démontré quant à elle que les personnes aux yeux foncés ont tendance à être vues comme plus dominatrices que celles aux yeux clairs. «Certaines preuves laissent également à penser qu’elles réfléchissent aussi plus rapidement que les personnes aux yeux clairs, mais de façon plus superficielle», poursuit Rita Carter.

Toujours selon les chercheurs, les personnes aux yeux foncés sont plus sensibles aux effets de l’alcool. «Par conséquent, puisqu’elles en ressentent rapidement les effets, elles auraient moins tendance à devenir alcooliques.» Voilà qui permet de juger avec plus d’indulgence les Nordiques réputés pour leur consommation excessive d’alcool. Ce serait la faute à leurs yeux clairs!

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Les impulsifs ont un iris lamellé

Autre détail intéressant susceptible de dévoiler aux autres les tréfonds de notre âme: les cryptes de Fuchs. Celles-ci «se présentent comme des lamelles ou des petites lignes ondulées qui irradient depuis la pupille, détaille Rita Carter. Cet iris densément lamellé est associé aux personnes de nature plus méfiante et plus impulsive. Un œil sans cryptes de Fuchs est quant à lui associé aux personnes extraverties.»

Une équipe de scientifiques dirigée par Mats Larsson à l’Université Örebro, en Suède, s’est penchée sur la question. Après avoir étudié 428 sujets, elle a découvert que les personnes possédant davantage de cryptes avaient moins tendance que les autres à se montrer chaleureuses, extraverties et confiantes. Elles avaient en outre tendance à être plus névrosées.

«Les chercheurs suédois ont compté les cryptes des volontaires à l’aide d’un équipement de laboratoire sophistiqué, mais il est possible de faire une analyse grossière soi-même rien qu’en regardant quelqu’un dans les yeux. Les iris de haute densité sont lisses et homogènes alors que ceux avec de nombreuses cryptes se distinguent par un plus grand nombre de nuances et de motifs.»

Prudence, prudence…

Cela étant dit, même s’il existe des études qui prouvent l’existence d’un lien entre nos traits physiques et notre comportement, elles sont à prendre avec réserve et prudence. Beaucoup de facteurs déterminent en effet le caractère des gens, et la plupart restent encore inconnus.

«L’héritage génétique n’est qu’une composante», avertit Rita Carter. L’environnement et l’éducation peuvent par exemple modifier ou carrément inverser le caractère «naturel» ou inné d’une personne. Tous les yeux clairs ne sont pas alcooliques… Enfin, même si certains marqueurs tels que la symétrie faciale ont été scientifiquement prouvés, ils peuvent facilement être modifiés par le maquillage, la chirurgie esthétique et autres artifices.

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