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Les Hongkongais manifestent en masse contre le risque d’extradition vers la Chine

Les habitants de la ville déplorent l’érosion de l’Etat de droit sous la pression de Pékin.

Par  (Hongkong, correspondance)

Publié le 29 avril 2019 à 12h22, modifié le 29 avril 2019 à 13h10

Temps de Lecture 2 min.

Manifestation contre une loi d’extradition vers la Chine, à Hongkong, le 28 avril 2019.

Environ 130 000 personnes sont descendues dans la rue selon les organisateurs, 22 800 selon la police, dimanche 28 avril, à Hongkong, pour exprimer leur opposition à un projet de loi qui faciliterait considérablement l’extradition de suspects vers la Chine continentale. Il s’agit de la plus grande manifestation depuis cinq ans dans la région administrative spéciale. Les opposants aux amendements proposés par le gouvernement craignent que cette évolution fasse perdre à Hongkong une partie de son exception juridique, pilier de son identité.

Les manifestants ont également demandé la démission de Carrie Lam, la chef de l’exécutif, en poste depuis moins de deux ans, l’accusant notamment d’avoir « trahi le peuple ». « Nous sommes paisibles et respectueux de l’ordre. Mais nous ne voulons pas être progressivement privés de nos libertés », résume Andrew Lim, jeune comptable et père de famille, venu manifester avec sa famille.

Jusqu’à présent, en vertu du principe « un pays, deux systèmes », l’Etat de droit hongkongais reposait sur une justice indépendante et un « haut degré d’autonomie » garanti par la Basic Law, Constitution de l’ancienne colonie britannique. Et c’est sur la base de cet Etat de droit, sans équivalent en Chine continentale, que Hongkong est notamment la troisième plus importante place financière du monde. Mais cette autonomie ne cesse de se réduire, au gré d’un interventionnisme croissant des autorités chinoises dans les affaires de Hongkong.

Dès l’annonce, par le gouvernement, de ce projet d’amendement et l’affichage, par la chef de l’exécutif, de sa détermination à les voir adopter rapidement par le Parlement local, de nombreux secteurs de la société, le camp prodémocratie en première ligne, mais aussi la communauté d’affaires, les juristes, les défenseurs des droits humains, se sont mobilisés pour en dénoncer les dangers.

Pour l’avocate de renom et ancienne députée Margaret Ng, ce texte « change tout ». « Nous avons confiance en notre système, et nous sommes en sécurité à Hongkong, tout le monde l’est, car vous n’avez aucun risque d’être extradé vers la Chine », explique-t-elle. « Mais nous n’avons aucune confiance dans le système chinois. Le gouvernement de Hongkong veut tout à coup enlever cette sécurité, de sorte que tout le monde, et pas seulement les citoyens hongkongais, pourrait être extradé en Chine », poursuit-elle. Le consulat américain à Hongkong s’est déclaré « inquiet », tandis que la représentation de l’Union européenne a suggéré une plus grande consultation populaire.

Contexte de reprise en main

Du point de vue du gouvernement de Hongkong, il s’agit simplement de combler un vide juridique, car les textes actuels ne couvrent ni la Chine ni Taïwan et Macao. Hongkong ne dispose de traités d’extradition qu’avec une vingtaine de pays.

Pour rassurer la communauté d’affaires qui détient treize sièges décisifs au Parlement, le gouvernement a exclu de son texte neuf délits dits « de cols blancs », dont l’évasion fiscale. Le gouvernement a également indiqué que des suspects accusés de crime politique ou religieux ne seraient pas extradés. Mais, dans le contexte de reprise en main et sous l’autoritarisme du président chinois, Xi Jinping, rares sont les Hongkongais qui croient que le gouvernement local serait encore capable de résister aux ordres de Pékin.

L’éditeur et libraire hongkongais Lam Wing-kee, qui compte parmi les cinq libraires et éditeurs emprisonnés en Chine en 2015, sans possibilité de recours et au mépris des procédures, avait indiqué que si cette loi passait, il quitterait Hongkong. Il a annoncé, vendredi, son départ pour Taïwan.

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