Appel au suicide des policiers : un Gilet jaune condamné à huit mois de prison avec sursis

Lors de l’épisode 23 des Gilets jaunes le slogan « Suicidez-vous » avait été lancé par la foule alors que 28 suicides chez les policiers ont été recensés depuis le début de l’année.

 Le cuisinier était jugé pour « outrages en réunion à personne dépositaire de l’autorité publique »
Le cuisinier était jugé pour « outrages en réunion à personne dépositaire de l’autorité publique » LP/Jean-Baptiste Quentin

    Pendant près de cinq minutes lors de l'acte 23 des Gilets jaunes, le 20 avril, la foule dans le cortège parisien avait crié « Suicidez-vous, suicidez-vous » aux forces de l'ordre alors que la police est touchée par une vague de suicides sans précédent depuis le début de l'année.

    Repéré grâce à ses tatouages au bras, un cuisinier au chômage, âgé de 49 ans, a été interpellé avant de comparaître devant le tribunal de Paris. Il était jugé pour « outrages en réunion à personne dépositaire de l'autorité publique ». Cet individu était soupçonné d'avoir crié « Suicidez-vous » et d'avoir adressé un doigt d'honneur aux policiers.

    Il a été condamné, dans la nuit de lundi à mardi à huit mois de prison avec sursis. Il devra, en outre, accomplir 180 heures de travaux d'intérêt général, l'obligation de trouver un travail et devra verser 500 euros à chacun des deux policiers qui ont porté plainte au titre du préjudice moral.

    Vêtu d'un t-shirt à l'effigie du baron de la drogue colombien Pablo Escobar, le cuisinier a justifié son geste en mettant en avant les violences policières. « Ça a commencé après qu'une femme enceinte a été bousculée par les forces de l'ordre », a-t-il expliqué à la barre. « Mes paroles sont parties plus vite que mes pensées. […] C'était la folie du moment », a-t-il ajouté en précisant ne pas être « l'instigateur » de ces cris.

    Selon son avocate, ce Gilet jaune a participé à tous les actes « sans jamais être interpellé ». « Il n'avait pas conscience de la gravité des mots. Son Suicidez-vous, c'était un ras-le-bol, de voir ses amis blessés, de la violence, de l'injustice. Il a perdu son sang-froid pendant quelques minutes », a-t-elle plaidé en demandant que son client « ne paye pas pour tous les autres ».

    Mais pour l'avocate des policiers, « c'est le paroxysme de la haine, c'est d'une violence inouïe » et « cela a un effet dévastateur sur des policiers à bout depuis plusieurs mois ». Un sentiment partagé par le procureur de la République. « Il n'y a aucun lien de cause à effet évident entre ce déferlement de propos haineux et une quelconque violence des policiers contre une jeune femme qui n'est pas du tout avérée », a-t-il observé.

    Déjà 28 suicides en 2019

    Ces appels ont été vivement condamnés par la classe politique et les syndicats de forces de l'ordre, d'autant que la police est touchée par une vague de suicides sans précédent depuis le début de l'année.

    Alors que 28 décès ont déjà été dénombrés en 2019, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a installé lundi une cellule alerte prévention suicide (Caps).

    Un rapport sénatorial remis en 2018 avait mis en lumière « un taux de suicide plus élevé que la moyenne nationale » chez les policiers, même en tenant compte des spécificités de cette population (population davantage masculine, jeune, ayant accès aux armes, etc.).