Un homme jusqu’alors inconnu de la justice a été condamné, lundi 29 avril 2019, à trois ans de prison ferme et deux autres avec sursis par le tribunal correctionnel de Nantes, pour avoir violé une adolescente du pays de Retz qui avait fugué de son internat, dans la nuit du 5 au 6 septembre 2016.
Le prévenu a déjà été incarcéré deux ans dans le cadre de sa détention provisoire. Il sera convoqué devant un juge d’application des peines (JAP) pour purger ses douze derniers mois d’emprisonnement.
Son nom sera inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS), ce qui l’obligera à pointer tous les six mois pendant au moins vingt ans dans un commissariat de police ou une brigade de gendarmerie.
Cet habitant de Nantes, âgé à l’époque de 26 ans, n’a pas entendu sa condamnation. Il avait préféré quitter le tribunal lors du délibéré : le procureur de la République avait réclamé cinq ans de prison et un mandat de dépôt pour ce « viol correctionnalisé ».
Sur le plan civil, l’homme devra verser 10000 € de dommages et intérêts à la mineure, âgée à l’époque de 14 ans, et 1500 € à chacun de ses deux parents. A ces sommes, s’ajouteront 1100 € de frais de justice.
Elles avaient trouvé refuge chez un « ami »
Sa victime, pensionnaire d’un internat, à Bouguenais, avait en fait fugué avec sa camarade de chambrée après avoir appris qu’elles allaient être changées de chambres. Toutes deux avaient trouvé refuge chez un « ami » de la seconde, dans les quartiers ouest de Nantes.
L’adolescente, qui avait commencé à s’alcooliser, s’était retrouvée au cours de la soirée dans le lit de son agresseur : il avait commencé à la caresser puis lui embrasser les seins, alors que celle-ci le repoussait timidement. Son amie l’avait finalement retrouvée un peu plus tard « en pleurs » et « tremblante » dans la salle de bains, avec des traces de sang au sol.
Cette dernière avait ainsi été la première à aller dénoncer un « viol » aux policiers nantais, avant de revenir sur ses propos pour ne pas mettre en difficulté son « ami ».
La victime, elle, avait été incapable de quitter seule l’appartement de son agresseur : elle ne connaissait pas du tout Nantes, car ses parents habitent dans le pays de Retz.
« Nantes, on y allait une fois par an, pour visiter le musée », a confirmé, lundi, sa mère lors de l’audience devant le tribunal correctionnel de Nantes.
Lors de sa fugue, on avait une très grande peur qu’elle soit morte… Quand on l’a retrouvée vivante, on était heureux, mais on a vite déchanté : sa vie s’est arrêtée à ce moment-là. Et la nôtre aussi.
Le prévenu échappe aux assises
Depuis, sa fille a multiplié scarifications et tentatives de suicides . Après avoir décroché son brevet, elle a finalement intégré un « centre de soins-études », dans la Sarthe.
Le prévenu, lui, peut s’estimer « chanceux » d’avoir échappé aux assises, selon le procureur : il aurait encouru vingt ans de réclusion criminelle, contre seulement dix en correctionnelle pour cette « agression sexuelle aggravée ».
« Ces réquisitions ont comme un parfum de revanche : si le dossier n’avait pas été correctionnalisé, je ne suis pas sûr que le parquet aurait demandé cinq ans de prison, avait répliqué Me Franck Boëzec, l’avocat de la défense. On vous demande une pénalité comme si c’était un récidiviste, comme s’il était un homme dangereux… Mais ce dossier, c’est surtout celui de la capacité folle de nos enfants à se mettre en danger, au grand dam des gens qui s’inquiètent pour eux. »
©PressPepper
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