Gilets jaunes à Montpellier : le "casseur" aux gants rouges condamné à trois ans de prison
Un homme de 42 ans, interpellé pour de multiples dégradations et rebellion en marge des manifestations de gilets jaunes, était jugé ce lundi 29 avril. A l'extérieur du tribunal, des soutiens entonnaient des chants nauséabonds.
Arrivé récemment sur Montpellier, domicilié dans une association, le prévenu de 42 ans sans domicile depuis 10 ans, n'a pas souhaité s'exprimer à l'audience, ni répondre aux questions de la présidente Geneviève Boussaguet. Ce lundi 29 avril, il est poursuivi pour huit dégradations au cours de six samedis en marge des manifestations de gilets jaunes (entre le 16 février et le 23 mars) et rébellion lors d'une interpellation ratée le samedi 16 mars. A l'extérieur du tribunal, un rassemblement de soutien est présent (lire ci-dessous).
Gilet jaune, marteau et gants rouges
C'est sa présence récurrente sur les images de centre de surveillance urbaine d'une silhouette vétue du même gilet jaune floqué Telura, et porteur de gants rouges et équipé d'un petit marteau qui va attirer l'attention des policiers. Impliqué selon eux dans la dégradation de la Banque Dupuy, de Parseval, du Mac Do de la Comédie, de sucettes JC Decaux, de deux abribus Tam, des vitrines des enseignes CIC, LCL, Moneygram et Eurobusiness.
"Le policier n'avait pas de brassard"
Une première tentative d'interpellation échoue. Un policier en civil tente de l'appréhender, son masque est arraché. Des manifestants s'interposent. Il sera mis en cause pour rebellion. "Le policier n'avait pas de brassard police, il n'a pas été identifié comme tel, les gens ont cru à une agression", plaide son avocat Me Jauffré Codognes. Son client n'y échappera pas le 23 mars, interpellé après une filature discrète. En possession d'un masque à gaz, d'un marteau et des gants rouges.
L'exploitation vidéo contestée
Son casier porte onze condamnations dont six fois pour dégradations mais aussi des vols aggravés. Il est placé en détention provisoire lors du délai qu'il a demandé pour préparer sa défense. Le temps pour son conseil de se préparer à soulever de nombreuses nullités, dont l'exploitation des images de caméras de surveillance ou sur la constitution de partie civile du CIC. Expliquant par ailleurs que toutes ces dégradations n'étaient pas assez documentées" pour pouvoir incriminer son client.
"Il s'est traversti en gilet jaune"
"C'est dommage, nous n'avons pas eu d'explications, estime le procureur Jean-Christope Tixier qui a retenu "une volonté gratuite de détruire des biens notamment publics". "Il n'est pas un gilet jaune, assène-t-il, il s'est travesti en gilet jaune. Déjà six fois condamné pour des faits similaires. Il avait un masque, des gants rouges toujours les mêmes, il est venu sur la manifestation pour casser. Peu importe pour lui si ça coûte de l'argent à la collectivité et il n'a pas le courage d'assumer ce qu'il a fait. Ça devient pathologique Monsieur". Le parquet avait requis quatre ans ferme avec mandat de dépôt.
Relaxe pour la rébellion
Le tribunal l'a relaxé pour la rébellion du 16 mars, et pour la dégradation du CIC mais l'a reconnu coupable pour le reste et condamné à trois ans de prison avec mandat de dépôt et à verser des dommages et intérêts à la Tam. Les nullités ont été rejetées et le prévenu écroué.
"Le chant de la honte" dénonce un syndicat de police
Le tribunal correctionnel était sous bonne garde ce lundi 29 avril, craignant la perturbation de l'audience par les personnes venues soutenir les gilets jaunes jugées. Le groupe est resté un long moment en signe de solidarité pour les trois gilets jaunes poursuivis. Puis des chants terribles ont retenti : "Elle est où la capitaine, pan, pan, pan !" ou encore " Un flic suicidé à moitié pardonné". Des mots qui ont choqué, notamment les forces de l'odre présentes. "Indignés et en colère", a réagi le syndicat Alliance qui dénonce "le chant de la honte" au nom des policiers héraultais très affectés par le suicide il y a quelques jours de l'une de leurs colègues qui ne travaillait pas au maintien de l'ordre. "Comment peuvent-ils mépriser à ce point la vie humaine. Comment peuvent-ils perdre toute humanité et se comporter de la sorte?", interroge le syndicat qui salue l'action du paquet. Le vice-procureur de permanence s'est déplacé et a ordonné l'ouverture d'une enquête pour outrage à personnel dépositaire de l'autorité publique en réunion.
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