Hélène Fathpour (avatar)

Hélène Fathpour

Traductrice

Abonné·e de Mediapart

62 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 avril 2019

Hélène Fathpour (avatar)

Hélène Fathpour

Traductrice

Abonné·e de Mediapart

La grande pauvreté des femmes qui travaillent en Iran

La commission des Femmes du CNRI a rédigé un rapport bouleversant sur la très grande pauvreté des travailleuses en Iran. Des conditions qui avoisinent un nouvel esclavage, tant les discriminations sexuelles privent les femmes de tout, sous le régime des mollahs.

Hélène Fathpour (avatar)

Hélène Fathpour

Traductrice

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
la pauvreté des femmes en Iran

Le rapport est saisissant : « Soixante-trois ans après la création de la Commission de la condition des femmes à l'ONU et malgré les progrès internationaux réalisés au cours de cette période, les femmes et les filles en Iran vivent dans des conditions de plus en plus inhumaines sous la dictature religieuse et misogyne.

La plupart des femmes qui travaillent perçoivent des salaires bien inférieurs au seuil de pauvreté. Elles sont privées de protection sociale adéquate. Au fur et à mesure que la pauvreté s'aggrave, un nombre croissant de jeunes femmes sont privées d'éducation. La politique officielle de privatisation des hôpitaux n'a pas non plus amélioré la situation des femmes en Iran. Il n'existe pas d'assurance maladie publique, en particulier pour les femmes pauvres et à faibles revenus. Les jeunes femmes iraniennes sont privées de possibilités scientifiques en raison des discriminations sexuelles leur fermant de nombreux domaines. Et ce ne sont là que quelques-uns des nombreux obstacles qui entravent l'autonomisation des femmes en Iran.

La grave situation économique et les profondes divisions sociales aggravent chaque jour les problèmes des Iraniennes. En mars 2018, un député des mollahs a admis que 80 % des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté (1). En fait, les politiques du régime contre les intérêts de la nation, la corruption généralisée de la clique dirigeante et les inégalités entre les sexes et les classes sociales qui sont entrées dans les lois du pays, ne laissent aucune source de financement pour améliorer les infrastructures, les services publics et la protection sociale pour donner aux femmes et aux filles davantage d’autonomie.

Contrôle de la vie privée

Un groupe étroitement lié aux cercles du pouvoir, représentant 4 % de la population iranienne (2), a la mainmise sur l'ensemble des ressources et des postes de décision, contrôlant la vie privée et publique de toute la population de la manière la plus injuste. Ils adoptent des mécanismes politiques et juridiques qui confinent les femmes au foyer sans leur donner de soutien financier ou juridique, les forçant à vivre comme les plus pauvres des pauvres.

Cette situation oblige de plus en plus les femmes à occuper des emplois non officiels, inférieurs aux normes et même non rémunérés. Bien que ce type de travail soit légèrement différent entre la ville et la campagne, non seulement cela ne permet pas aux femmes de gagner leur vie, mais menace aussi leur dignité, leur santé et leur bien-être.

Esclaves

Dans les villages iraniens, les femmes sont pratiquement devenues esclaves. Sans aucun salaire, ni soutien ou même protection sociale, elles travaillent souvent sans interruption jusqu'à 20 heures par jour dans l'agriculture ou l'élevage, en plus de tous les travaux pénibles liés à la routine de la vie rurale.

La plupart des villages manquent d'eau courante, d'électricité et de gaz, de routes et de dispensaires. Beaucoup reçoivent de l'eau par camions citernes qui passent dans leur village tous les trois jours au mieux, et les femmes doivent approvisionner leur famille en eau en parcourant de longues distances à pied pour remplir leurs jerrycans.

Salaire de misère

Compte tenu de la situation économique et des liquidités en Iran, il faut noter que si le salaire minimum en 2018 était fixé à 1 100 000 tomans (environ 72,5 €) par mois (3), les dépenses mensuelles minimales pour une famille de quatre personnes en 2018 étaient de 6 500 000 tomans (environ 428,170 €) et les dépenses minimales pour 18 produits alimentaires et de base pour un ménage de quatre personnes aux prix urbains étaient de 1 700 000 tomans (environ 112 €) par mois en 2018. (4)

Par ailleurs, le salaire moyen d'un enseignant est de 2 300 000 tomans (environ 151 €) et celui d'un enseignant retraité est d'environ 1 200 000 tomans (environ 79 €). Cependant, la plupart des enseignants travaillent sur une base contractuelle et leur salaire est inférieur à 1 million de tomans (environ 65,80 €).

Un socio-économiste explique la pauvreté du grand public en Iran (5) : « Selon les statistiques, un tiers des personnes au faible revenu d'un million de tomans par mois (65,80 €), soit environ 5 millions de personnes, vivent dans l'extrême pauvreté et la faim (6). Lorsque 67% des personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté relative, il est naturel qu’elles soient furieuses ! »

Les réunions de la Commission de la condition de la femme (CCF63) doivent se concentrer sur trois domaines thématiques : les systèmes de protection sociale, l'accès aux services publics et les infrastructures durables.

 La Commission exhorte les gouvernements à concevoir, financer, mettre en œuvre, superviser et évaluer les systèmes de protection sociale, les services publics et les infrastructures durables conformément aux normes relatives aux droits humains, pour que les services et infrastructures existants soient abordables pour tous et acceptables pour toutes les cultures et tous les niveaux sociaux. Elles ne devraient pas être discriminatoires en raison de normes sexuelles ou classées en fonction du sexe, de la classe sociale ou de la situation géographique. Les progrès doivent également être continus et ne doivent pas connaitre de recul.

Avec ce survol général, nous examinerons la situation des femmes sous la dictature religieuse et misogyne en Iran. »

-------------

1 – Site officiel du parlement du régime iranien, ICANA, 13 mars 2018

2 - Agence de presse officielle Tasnim 

3 - Irankargar.com, 21 septembre 2018

4 - Il y a deux taux de change en Iran. Le taux de change officiel du dollar utilisé uniquement pour la budgétisation et le commerce d'Etat, et le taux de change du marché libre qui a oscillé de 11.000 à 20.000 tomans depuis la mi-2018. Au moment de la publication de cette brochure, le taux de change officiel était de 4 200 tomans, tandis que le taux de change du marché libre était d'environ 13 500 tomans, ce qui nous a permis de noter les prix.

5 - Fa.shafaqna.com, 28 février 2018

6 - Ibid.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.