“Voilà comment tout a commencé”, soupire Ramon Guico III, maire de cette ville de 50 000 habitants à trois heures de route au nord de Manille que le Wall Street Journal a rencontré. Pour l’édile, c’est la faute au soleil. Au milieu de l’été, quand la chaleur devient insupportable et que ses administrés se regroupent à l’ombre des acacias centenaires pour y siroter une boisson ou grignoter quelque friandise, les cancans vont bon train.
Qui trompe qui ? Qui est en dette envers qui ? Si Facebook et les messageries sur téléphone ont aggravé le problème, estime Ramon Guico III, le bon vieux commérage loin de ces nouvelles technologies reste le phénomène qui commet le plus de dégâts. Si bien que, dans une décision inhabituelle, note le WSJ, le maire a décidé de sévir.
Dès 2017, le quartier Moreno de Binalonan a fait figure de précurseur en décidant de punir les propagateurs de rumeurs. “En cas de première offense, précise le journal, est infligée une amende de 500 pesos [8,60 euros] ainsi qu’une demi-journée de collecte des déchets.” “On n’a puni aucun récidiviste, commente Jovelyn Manaois, responsable du quartier. Personne ne souhaite être vu comme une commère.”
L’argument suffira-t-il à faire taire les rumeurs à l’approche des élections de mi-mandat du 13 mai ? Certains, même à Binalonan, en doutent.
Lancée en 1976, l’édition asiatique du Wall Street Journal s’attache à offrir des analyses et éditoriaux propres à la région tout en reprenant une grande partie de l’édition américaine. Mais le titre est à manier avec précaution : d’un côté, des enquêtes et reportages de grande qualité ; de l’autre, des pages éditoriales très partisanes.
La version électronique du journal regroupe les éditions américaine, européenne et asiatique. Chaque jour, quelque mille nouveaux articles sont mis en ligne, mais en moyenne seulement trois d’entre eux sont accessibles gratuitement. Avec 753 000 abonnés, c’est le plus grand site d’information économique et financière payant sur la Toile.