La directrice de la Pitié-Salpêtrière raconte la tentative d'intrusion au service de réanimation

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La directrice de la Pitié-Salpêtrière raconte la tentative d'intrusion au service de réanimation

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Un groupe d'individus est entré dans l'enceinte de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
Un groupe d'individus est entré dans l'enceinte de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
© AFP - KENZO TRIBOUILLARD

INFO FRANCE INTER | En marge de la manifestation ce mercredi à Paris, un groupe d'individus est entré dans l'enceinte de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Selon sa directrice, ils ont notamment tenté de pénétrer dans le service de réanimation chirurgicale, avant d'être repoussés par les infirmiers eux-mêmes.

C'est autour de 16h30, ce mercredi 1er mai, que des manifestants réussissent à entrer dans l'enceinte de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L'hôpital du 13e arrondissement, qui dépend de l'AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris), se trouve en plein sur le tracé de la manifestation qui partait de Montparnasse pour se rendre place d'Italie. C'est aussi là qu'un capitaine de police d'une compagnie de CRS a été admis en "urgence relative", en milieu d'après-midi, après avoir reçu un pavé dans le visage.

Les soignants du service de réanimation font barrage aux manifestants

Vers 18h30, Martin Hirsch, le directeur général de l'AP-HP, dénonce dans un tweet "une tentative d’intrusion violente dans le service de réanimation chirurgicale" de la part d'une "une bande de manifestants/casseurs".

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France Inter a recueilli le témoignage de Marie-Anne Ruder, la directrice de la Pitié-Salpêtrière, présente sur place lors de l’intrusion. 

"J’ai été informée peu après 16h par l’agent de sécurité posté au niveau de notre entrée du 97, boulevard de l’Hôpital, que des individus tentaient de forcer la grille", explique la directrice. Elle ajoute: 

"Je me suis immédiatement rendue sur place, et lorsque je suis arrivée, la grille était forcée, la chaîne avait cédé, et des dizaines de personnes étaient en train d’entrer dans l’enceinte de l’hôpital."

Marie-Anne Ruder dit avoir dans un premier temps tenté de "raisonner" les manifestants. Parmi eux, des gens en "gilets jaunes", des manifestants en tenue civile, et des personnes au visage entièrement masqué. "Mais la discussion n’était pas possible, il y avait des gestes violents et menaçants. Au regard de la situation, j’ai décidé d’appeler les services de police, car je voyais qu’on ne maîtrisait plus du tout."

Mais dans le même temps, un groupe "d’une vingtaine, une trentaine de personnes a monté l’escalier extérieur, qui se trouve à proximité directe du portail". Escalier qui mène au service de réanimation chirurgicale, au premier étage, un service particulièrement sensible avec des patients qui nécessitent des soins intensifs.

"Fort heureusement, le personnel – une dizaine de médecins, infirmiers, aides-soignants et internes – a eu le réflexe de se mettre derrière la porte pour empêcher l’intrusion", raconte la directrice de la Pitié, qui salue "le courage exemplaire" du personnel. "Ils n’ont eu qu’une obsession : protéger les patients." Alors que la situation devient critique, la police arrive, et repousse les manifestants. La scène aura duré une dizaine de minutes.

"Le personnel est profondément choqué que l’hôpital puisse devenir une cible. C’était un moment très douloureux pour toutes les personnes qui ont vécu cette intrusion violente et brutale" explique Marie-Anne Ruder. L’hôpital public était-il clairement visé ? "Je ne suis pas dans la tête de ces gens", tempère-t-elle. "En tout cas, nous avons eu à faire face à une intrusion violente qui, grâce à l’implication du personnel, a eu une issue bien plus favorable qu’elle aurait pu l’être."

Témoignant son "plein soutien" à ses équipes, Martin Hirsch annonce qu'une plainte sera déposée. 

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Une tentative d'intrusion dénoncée par le ministre de l'Intérieur : "Des gens ont attaqué un hôpital, des infirmières ont dû préserver le service de réanimation, nos forces de l'ordre sont immédiatement intervenues pour sauver le service de réanimation", a réagi Christophe Castaner ce mercredi soir, depuis l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Une journaliste de l'AFP a vu des manifestants se réfugier dans l'enceinte de l'hôpital - qui fait plusieurs hectares - pour échapper aux gaz lacrymogènes sur le boulevard de l'Hôpital, avant d'être pourchassés par les forces de l'ordre, et certains interpellés. 

Des dégâts qui restent à évaluer

Selon le service de communication de l'AP-HP, les manifestants seraient entrés via le bâtiment du CROUS, le restaurant universitaire, avant d'être évacués par les forces de l'ordre. Les services de l'hôpital devraient procéder à l'évaluation précise des dégâts dans la soirée.

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Précisions: Le témoignage de la directrice de la Pitié-Salpêtrière Marie-Anne Ruder a été recueilli le 1er-Mai quelques heures après les faits. Depuis, une vidéo et d’autres témoignages ont permis de montrer qu’il n’y avait pas eu à proprement parler de « tentative d’intrusion violente » dans le service de réanimation contrairement à ce qu‘a affirmé à France Inter Marie-Anne Ruder. Ces nouveaux éléments n’ont pas non plus permis de corroborer l’affirmation selon laquelle des personnes au visage « entièrement masqué » ont tenté d’entrer dans le service réa. De son coté, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a reconnu vendredi qu'il n'aurait pas dû employer le terme "attaque" à propos des événements de la Pitié-Salpêtrière. Selon lui il s’agissait plutôt d’une "intrusion violente".

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