De nouveaux travaux portent de 16 000 à 200 000 le nombre de populations virales abritées dans les océans, et notamment dans l’Arctique, "berceau" méconnu de cette biodiversité. Or, ces virus jouent un rôle indirect dans les mécanismes de captage du CO2 au fond de l'océan. Avec le réchauffement climatique en cours, qui affecte déjà les pôles, les virus pourraient perturber le fonctionnement des pompes à carbone que constituent les planctons et aggraver encore plus la situation.

Leur nombre est douze fois plus important qu’estimé jusqu’alors. Selon de nouveaux travaux, dirigés par des chercheurs de l’université de l’État d’Ohio et publiés dans le magazine Cell le 16 mai prochain, le nombre de populations virales présentes dans les océans est porté de 16 000 à 200 000. Étonnant également : cette diversité virale a été mesurée jusque dans l’océan Arctique.
Les précédentes études avaient conclu que la plus haute diversité se situait au niveau des tropiques, et qu’elle diminuait à mesure que l’on se déplace vers les pôles. L’océan Arctique se révèle en fait être "un berceau méconnu de la biodiversité virale" précisent les auteurs dans un communiqué. "Ces résultats soulignent l’importance des régions arctiques, fortement impactées par le changement climatique, pour la biodiversité mondiale."
Accélérer le changement climatique
Ces virus ont en effet des impacts sur l’ensemble des organismes du plancton marin (bactéries, animaux…). Ils jouent notamment un rôle dans le transport du carbone depuis la surface vers les fonds marins. Avec le changement climatique en cours, ils peuvent changer la structure de ces "pompes biologiques" et influencer la capacité de l’océan à séquestrer le carbone de l’atmosphère. Et donc accélérer ce même changement climatique.
"Ces travaux seront un référentiel pour comprendre le rôle des virus dans les réactions de l’écosystème océan sous la pression du changement climatique", précisent les chercheurs. Ces nouvelles conclusions proviennent essentiellement des données de l’expédition Tara Oceans (2009-2013) qui a permis de récolter et d’analyser en profondeur 35 000 échantillons de plancton marin à travers le monde entier.
Concepcion Alvarez, @conce1 

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