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Athlétisme - Ligue de diamant Caster Semenya : « On parle de dignité humaine »

Après les tribunaux, elle a répondu sur la piste. La Sud-Africaine Caster Semenya a remporté avec classe le 800 m du meeting de Ligue de diamant de Doha ce vendredi, juste avant que le règlement sur les athlètes hyperandrogènes n’entre en vigueur.
Le Républicain Lorrain - 04 mai 2019 à 05:00 - Temps de lecture :
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Avec un chrono de 1’54’’98, Caster Semenya a aisément dominé le 800 m à Doha.  Photo AFP /Karim JAAFAR
Avec un chrono de 1’54’’98, Caster Semenya a aisément dominé le 800 m à Doha. Photo AFP /Karim JAAFAR

Les derniers jours n’ont pourtant pas dû être de tout repos pour Caster Semenya, la double championne olympique du 800 m : apparue seulement jeudi sur la liste de départ de la réunion de Doha, premier rendez-vous de la saison en Ligue de diamant, la Sud-Africaine avait été déboutée la veille par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de son recours contre les règles de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) obligeant certaines athlètes nées avec une différence de développement sexuel (DSD) à faire baisser leur taux de testostérone sous le seuil de 5 nmol/L de sang par un traitement pour courir dans la catégorie féminine.

Le 800 m au Qatar devait être le dernier avant l’application du règlement exigée dès le 8 mai par l’IAAF (pour les distances allant du 400 m au mile, 1.609 m). Et comme un symbole, Caster Semenya l’a emporté dans un temps très rapide (1’54’’98), devant la Burundaise Francine Niyonsaba (1’57’’75), une autre athlète hyperandrogène a priori concernée par la nouvelle réglementation. « C’était une course incroyable […] Tout ça, c’est une histoire pour inspirer les gens. C’est plus qu’un jeu, bien plus que du sport. On parle de dignité humaine, de fierté », a déclaré Caster Semenya en zone mixte, souriante malgré le contexte.

Combat perdu pour l’instant

Le symbole, Caster Semenya en a l’habitude. La Sud-Africaine cristallise depuis dix ans le débat juridique, scientifique et médiatique autour de la question des athlètes hyperandrogènes, à la production naturelle de testostérone élevée, et du gain physiologique, injuste selon l’IAAF, qu’elle procure dans certaines disciplines.

Elle est devenue une icône mondiale, massivement soutenue par le gouvernement sud-africain dans son combat pour concourir telle qu’elle est dans la catégorie féminine. Ce combat est pour l’instant perdu, même si elle peut encore faire appel devant un Tribunal administratif suisse et que toutes les questions n’ont pas été résolues.

Le TAS a jugé le règlement « discriminatoire », mais « nécessaire, raisonnable et proportionné », tout en soulevant des points d’inquiétude auquel l’IAAF devra répondre, comme la question des effets secondaires du traitement à suivre ou le « manque de preuves » de l’avantage de ces athlètes sur les distances du 1500 m et du mile.

« Je ne sais pas quelle va être la suite […] Prendre des médicaments ? Pas question ! », s’est indignée la double championne olympique du 800 m, qui a pourtant assuré vouloir défendre son titre de championne du monde en septembre au Qatar.