Les adultes aussi produisent de nouveaux neurones, clamait-on depuis 1998, avant qu'une publication de 2018 sème le doute : les chercheurs n'avaient visualisé aucun signe de neurogenèse chez l'adulte humain. Des scientifiques espagnols se sont alors penchés sur l'affaire et ont finalement tranché dans des travaux publiés dans la revue Nature : notre cerveau produit bien de nouveaux neurones, et ce jusqu'à l'âge de 90 ans !
HISTORIQUE. Tout a commencé au XXe siècle, lorsqu'un vieux dogme énonçait que l’on naissait avec un stock de neurones donné qui ne faisait que décroître tout au long de la vie. Mais à partir de 1965, de nouveaux travaux ont mis au jour la formation de nouvelles cellules nerveuses chez le rat, le canari, le poisson-zèbre, puis enfin en 1998, le primate et l'humain.
Les adultes aussi produisent de nouveaux neurones, clamait-on depuis 1998, avant qu'une publication de 2018 sème le doute : les chercheurs n'avaient visualisé aucun signe de neurogenèse chez l'adulte humain. Des scientifiques espagnols se sont alors penchés sur l'affaire et ont finalement tranché dans des travaux publiés dans la revue Nature : notre cerveau produit bien de nouveaux neurones, et ce jusqu'à l'âge de 90 ans !
HISTORIQUE. Tout a commencé au XXe siècle, lorsqu'un vieux dogme énonçait que l’on naissait avec un stock de neurones donné qui ne faisait que décroître tout au long de la vie. Mais à partir de 1965, de nouveaux travaux ont mis au jour la formation de nouvelles cellules nerveuses chez le rat, le canari, le poisson-zèbre, puis enfin en 1998 le primate et l'humain.
A l'origine de ce conflit scientifique… Un problème de méthodologie
"En combinant des échantillons de cerveau humain obtenus dans des conditions étroitement contrôlées et des méthodes de traitement des tissus à la pointe de la technologie, nous avons identifié des milliers de neurones immatures dans le gyrus denté de sujets humains sains sur le plan neurologique jusqu'à la neuvième décennie de la vie", relatent les chercheurs dans la publication. Car pour eux, c'est bien la méthodologie qui explique les résultats négatifs d'une étude de 2018, également publiée dans Nature. Cette dernière concluait, à contre-courant du consensus établi depuis 20 ans, à l'absence de neurogenèse dans le cerveau humain adulte. Pour détecter cette neurogenèse, les scientifiques doivent en effet récolter des tissus humains sur donneurs récemment décédés, plus particulièrement ceux du gyrus denté. Ce dernier est une zone de l'hippocampe, partie du cerveau impliquée dans la formation des souvenirs et la gestion des émotions, et un des endroits où la neurogenèse a été précédemment observée. Une fois les tissus récupérés, les chercheurs les traitent avec des anticorps qui vont spécifiquement se fixer sur les cellules précurseurs, points de départ de la maturation de nouveaux neurones. Mais pour que cela fonctionne, outre le protocole de laboratoire, les tissus eux-mêmes doivent être parfaitement préservés.
Dans ces nouveaux travaux, les chercheurs ont montré qu'après avoir soumis des échantillons obtenus des mêmes sujets à différents traitements chimiques, des nombres de cellules très différents étaient observés. De plus, lorsque ces traitements étaient plus agressifs ou prolongés dans le temps, le signal émis par les nouveaux neurones disparaissait complètement. "Nos données démontrent que les conditions de fixation prolongées ou incontrôlées auxquelles les échantillons humains sont exposés dans les banques de cerveaux du monde entier entraînent une nette réduction du nombre de neurones précurseurs détectées dans le gyrus denté adulte", expliquent les chercheurs. "La mise en œuvre des méthodologies de traitement des tissus les plus appropriées a révélé la présence de milliers de cellules précurseurs des neurones présentant une morphologie neuronale identifiable sans ambiguïté chez le gyrus denté adulte", concluent-ils d'après leurs propres travaux, selon un protocole optimisé. Ainsi, la neurogenèse a bien lieu jusqu'à la dixième décennie de la vie humaine, d'après les scientifiques espagnols.
Une décroissance drastique de la neurogenèse chez les malades d'Alzheimer
Compte tenu de l'importance de l'hippocampe dans la mémoire, il n'est pas étonnant que ce soit l'une des régions du cerveau les plus touchées par la maladie d'Alzheimer. "Compte tenu du rôle joué par les neurones immatures dans l'apprentissage dépendant de l'hippocampe, nous avons décidé d'étudier ce processus chez une cohorte de 45 patients âgés de 52 à 97 ans", expliquent les chercheurs dans la publication. En comparant l'hippocampe de ces patients à celui de 13 adultes en bonne santé, les auteurs ont constaté que la naissance de nouveaux neurones décroît de façon drastique dans les premiers stades de la maladie d'Alzheimer, pour continuer à diminuer progressivement au fur et à mesure de l'évolution de la maladie. De plus, ces cellules rencontrent des problèmes de maturation à différentes étapes du processus de maturation.
A l'heure où les essais cliniques menés sur de potentiels traitements sont arrêtés par manque de résultats les uns après les autres, ces nouvelles découvertes pourraient ouvrir une nouvelle piste de recherche thérapeutique. "La restauration de niveaux normaux de cellules précurseurs de neurones chez ces patients apparaît comme une approche thérapeutique potentielle pour contrer la progression de cette maladie encore incurable", concluent les chercheurs.