Grand Paris : une forêt va pousser sur la plaine polluée de Pierrelaye-Bessancourt

Le Grand Paris ne se décline pas qu’en lignes de métro et projets architecturaux. Dans le Val-d’Oise, une forêt verra le jour sur un site qui accueillait jusqu’en 1992 les eaux usées de l’agglomération parisienne.

 Image de synthèse de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt quand la forêt aura vu le jour.
Image de synthèse de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt quand la forêt aura vu le jour. Land’Act/smapp

    Un nouveau « poumon vert » pour faire la liaison entre les forêts de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) et de Montmorency (Val-d'Oise). Longtemps considéré comme une utopie écologique, en raison de sa complexité administrative et de l'épineuse question du financement, le projet d'aménagement de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt est pourtant bel et bien sur le point de se concrétiser.

    Premières plantations à l'automne

    Dans les cartons depuis son lancement par le ministre de la Ville en 2011, ce projet estimé à 85 millions d'euros, qui a reçu le label Grand Paris dès février 2012, verra le jour grâce à la requalification de 370 ha de boisements existants et la plantation de 600 ha supplémentaires. Plusieurs centaines de milliers d'arbres au total. Certains avancent même le nombre d'un million. Les premières plantations sur les anciennes « parcelles publiques », qui représentent 45 % de l'espace, sont espérées pour l'automne.

    « On n'a pas encore défini où on va commencer à planter mais on va faire en sorte de le faire à trois endroits au nord, au sud et au centre pour marquer le territoire », indique Bernard Tailly, le maire (SE) de Frépillon et président du syndicat mixte d'aménagement de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt (Smapp*) qui regroupe sept communes et est chargé de la maîtrise d'œuvre.

    Image de synthèse de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt quand la forêt aura vu le jour/Land’Act/smapp
    Image de synthèse de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt quand la forêt aura vu le jour/Land’Act/smapp Land’Act/smapp

    Ancienne zone d'épandage des eaux usées de l'agglomération

    Après la signature de la convention d'intérêt national (CIN) en préfecture du Val-d'Oise en mars 2017, deux ans auront été nécessaires pour réaliser le repérage et l'identification des propriétaires des 6 000 parcelles qui composent cet espace. « Un travail de fourmis, selon le maire de Frépillon, cela a impliqué de demander les 6 000 états hypothécaires au service du cadastre ! ». Si le transfert des parcelles appartenant aux sept communes val-d'oisiennes du Smapp n'a été qu'une simple formalité administrative, les négociations ont en revanche « été plus longues avec la ville de Paris ». De 1896 à 1992, le site a en effet servi de zone d'épandage des eaux usées brutes de l'agglomération parisienne, propriétaire de 10 % des parcelles de cette ancienne plaine maraîchère.

    PIERRELAYE. Suite à une étude sanitaire faite par l’ARS Ile de France, des traces de pollution aux plombs et aux métaux lourds ont été découvertes dansle sol de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt. LP/Olivier Boitet.
    PIERRELAYE. Suite à une étude sanitaire faite par l’ARS Ile de France, des traces de pollution aux plombs et aux métaux lourds ont été découvertes dansle sol de la plaine de Pierrelaye-Bessancourt. LP/Olivier Boitet. Land’Act/smapp

    L'enquête publique lancée cette année

    Mais la phase administrative n'est pas finie. Après la concertation publique l'an dernier, 2019 devrait voir le lancement de l'enquête publique et du premier des trois volets de l'enquête parcellaire conjointe. « Cela va nous permettre d'affiner nos connaissances des parcelles et de leurs propriétaires », précise Bernard Tailly. Mais l'élu espère surtout « que la déclaration d'utilité publique sera lancée avant la fin de l'année ». Cette procédure permettra au préfet du Val-d'Oise de déclarer cessibles les parcelles ou parties de parcelles nécessaires à l'aboutissement du projet. « Les expropriations pourraient commencer en 2020, poursuit Bernard Tailly. Mais on signe aussi déjà des ventes de parcelles privées à l'amiable. »

    Un peu de patience. Si le projet est désormais sur les rails, il faudra sans doute attendre malgré tout quelques dizaines d'années avant de se promener dans une forêt située sur l'ancienne plaine maraîchère de 1 350 ha. Le Grand Paris environnemental ne se fait pas, lui non plus, en un jour.

    *Bessancourt, Frépillon, Herblay, Méry-sur-Oise, Pierrelaye, Saint-Ouen-l'Aumône et Taverny.

    ÉRADIQUER LES DÉCHARGES À CIEL OUVERT

    Afin de faire face à la multiplication des décharges sauvages dans la plaine, la municipalité de Pierrelaye a mis en place en 2018 un panneau à l’attention des gens du voyage ainsi que des caméras de surveillance. LP/O.B.
    Afin de faire face à la multiplication des décharges sauvages dans la plaine, la municipalité de Pierrelaye a mis en place en 2018 un panneau à l’attention des gens du voyage ainsi que des caméras de surveillance. LP/O.B. Land’Act/smapp

    Planter de jeunes arbres est une chose, encore faut-il leur permettre de grandir. La question de la protection de la future forêt est aujourd'hui sur la table. Devenue à divers endroits une décharge à ciel ouvert pour des entreprises du bâtiment ou des particuliers peu scrupuleux de l'environnement, la plaine est difficilement contrôlable. Dès lors, la protection des jeunes plants d'arbres qui seront plantés est primordiale. « On a demandé à l'Office national des forêts (ONF) de travailler dessus, confie Bernard Tailly. C'est un sujet inquiétant car c'est un territoire facile à envahir et à dégrader. Il faudra peut être mettre des moyens techniques et humains pour la protéger. »

    Des milliers de gens du voyage à reloger

    Par ailleurs, la question du relogement des gens du voyage est épineuse. Présents de (très) longue date pour certains, propriétaires ou pas du terrain qu'ils occupent illégalement (NDLR : le secteur est défini comme zone agricole dans les plans locaux d'urbanisme), parents d'enfants scolarisés dans les communes du secteur, ils sont des milliers sur la plaine. L'agglomération du Val Parisis a lancé une étude sociale afin de « les recenser, identifier leurs souhaits de relogement ainsi que leurs besoins par rapport à leurs activité professionnelle », indique Jean-Christophe Poulet, maire (LREM) de Bessancourt et délégué du Smapp. Les résultats de cette étude seront présentés en bureau communautaire dans les prochaines semaines.