SOCIETEVers une charte pour les chiens de SDF à Strasbourg?

Strasbourg: Après l’arrêté anti-mendicité, une charte pour les chiens de SDF?

SOCIETEL’idée n’est pas rejetée par les associations qui mettent toutefois en garde contre les risques de stigmatisation des SDF
Les SDF ont-ils besoin d'une éducation canine à Strasbourg?
Les SDF ont-ils besoin d'une éducation canine à Strasbourg?  - N.W./20Minutes
Nils Wilcke

Nils Wilcke

L'essentiel

  • Dans le cadre de l’arrêté anti-mendicité très décrié pris par le maire de Strasbourg, l’adjointe Christel Kohler réfléchit à une charte d’éducation canine pour les SDF.
  • Les associations interrogées par 20 Minutes ne sont pas opposées à cette idée à condition de ne pas stigmatiser les SDF.
  • Elles réclament plus de places spécifiques dans les structures d’accueil à Strasbourg pour accueillir les SDF avec leurs toutous.

C’est un point évoqué lors des débats du conseil municipal de Strasbourg sur l'arrêté anti-mendicité qui est un peu passé inaperçu. Les chiens des sans domicile fixe (SDF) de la ville sont-ils mal lotis ? Un projet de charte « d’éducation canine » pour aider ces derniers à prendre soin de leurs chiens est étudié à la municipalité, confirme à 20 Minutes Christel Kohler, adjointe au maire en charge de la « ville en nature et ville nourricière ».

Devant la levée de boucliers suscitée par l’arrêté signé par le maire de Strasbourg Roland Ries le 25 avril dernier, Christel Kohler sait qu’elle marche sur des œufs. « Il ne faut pas stigmatiser les SDF, insiste-t-elle. Certains s’occupent très bien de leur chien ». Pourquoi porter un tel projet dans ce cas ? « Les SDF rencontrent des difficultés spécifiques », soutient l’adjointe.

Entre 40 et 130 euros de fourrière

« Quand un chien s’enfuit et qu’il est pris en charge par la fourrière, son maître ne peut le récupérer que s’il est clairement identifié comme tel, ce qui n’est pas toujours possible », explique Christel Kohler, qui a été marquée par le cas d’un sans-abri qui avait été privé de chien de cette façon l’année dernière.

Autre difficulté : une fois reconnu, le propriétaire de l’animal doit payer un montant forfaitaire correspondant à l’intervention de la fourrière. Coût de la récupération, « entre 40 et 130 euros », sans compter des « frais annexes selon les situations », indique la SACPA, qui gère la fourrière de Strasbourg.

Maltraitance animale

Les chiens sont parfois à l’origine de troubles à l’ordre public, rappelle l’adjointe Christel Kohler. « Sans garderie, c’est le système de la débrouille, rappelle l’élue. Certains SDF qui voudraient accéder à un service d’hébergement sont bloqués, faute de pouvoir être accueillis avec leur animal ».

Actuellement, seules deux associations sont en capacité d’accueillir les SDF avec leurs animaux à Strasbourg : L’Ilot, une maison d’accueil ouverte l’année dernière et les Berges de l’Ain, aux abords des quartiers de la Plaine des Bouchers. Mais les places sont très limitées.

Au-delà de la sécurité, le sujet de la maltraitance animale, souvent tabou, affleure. « Il y a parfois des cas avérés », reconnaît auprès de 20 Minutes le collectif SDF Alsace, qui assure interpeller régulièrement les élus strasbourgeois à ce sujet. Chiens laissés indéfiniment sous muselière, serrés par une laisse courte, houspillés sans raison par leurs maîtres… A force de mauvais traitements, certaines bêtes deviennent agressives et peuvent finir par présenter un danger pour les passants.

Un sujet est éminemment politique

« La solution n’est pas de leur retirer leurs chiens mais de traiter les causes des violences. Le chien peut devenir un exutoire de la personne qui boit ou se drogue », dit à 20 Minutes Anne Trodzier, directrice de l'association Liane, qui vient en aide aux personnes démunies et à leurs animaux. Cette dernière organise déjà depuis plusieurs années des ateliers avec les personnes à la rue et leurs chiens.

Le sujet est éminemment politique. L’arrêté anti-mendicité signé par le maire de Strasbourg Roland Ries ne convainc pas ces associations de solidarité. « Faire sortir du centre-ville les SDF et les personnes en difficultés ne peut pas être la solution, soutient Anne Trodzier. La maltraitance animale existe dans tous les milieux. Si elle dérange autant chez les personnes à la rue, c’est parce qu’elle est visible. Or, dans la plupart des cas, les SDF s’occupent mieux de leurs chiens que d’eux-mêmes », précise-t-elle.

Reste à fixer les modalités de la charte et à travailler de concert avec les associations sur le terrain pour la mettre sur pied.

Sujets liés