Le sur-diagnostic et le sur-traitement de la maladie de Lyme font des victimes, clame une nouvelle étude de l'Agence Santé Publique France. Au sein d'un service d'infectiologie parisien, les médecins se sont ainsi rendus compte que moins de 10% des patients qui leur avaient été envoyés pour la maladie de Lyme en étaient vraiment affectés.
LYME. Transmise par les tiques porteuses de la bactérie Borrelia, cette infection (aussi appelée borreliose de Lyme) est responsable de problèmes cutanés, neurologiques, articulaires et — exceptionnellement — cardiaques et oculaires. Après une piqûre de tique infectante, seules 5% des personnes développeront la maladie. En France, on compte environ 84 cas pour 100.000 habitants, principalement dans l'est et le centre.
Les différentes formes de la maladie de Lyme sont toujours un sujet de discorde
"Depuis une dizaine d’années, des associations de patients, rejoints par quelques médecins et chercheurs et des activistes remettent en cause les connaissances acquises sur la borréliose de Lyme, son diagnostic et sa prise en charge", explique dans un édito attenant à l'étude Jean-Claude Desenclos, Directeur scientifique et adjoint au directeur général de Santé publique France.
Au centre de la discorde, une forme chronique de la maladie de Lyme, distincte de sa forme disséminée tardive : le syndrome persistant polymorphe après une possible morsure de tique (SPPT). L'existence du SPPT n'est pas accepté "par une grande partie de la communauté scientifique et médicale en France, en Europe ou Amérique du Nord". "Les conséquences en sont, notamment, une errance diagnostique et thérapeutique de nombreux patients ayant une symptomatologie compatible avec le SPPT, des traitements multiples et prolongés dont l’efficacité n’est pas démontrée et le développement d’une offre de diagnostic et de prise en charge alternative sans base scientifique", énumère Jean-Claude Desenclos.
Le sur-diagnostic et le sur-traitement de la maladie de Lyme font des victimes, clame une nouvelle étude de l'Agence Santé Publique France. Au sein d'un service d'infectiologie parisien, les médecins se sont ainsi rendus compte que moins de 10% des patients qui leur avaient été envoyés pour la maladie de Lyme en étaient vraiment affectés.
LYME. Transmise par les tiques porteuses de la bactérie Borrelia, cette infection (aussi appelée borreliose de Lyme) est responsable de problèmes cutanés, neurologiques, articulaires et — exceptionnellement — cardiaques et oculaires. Après une piqûre de tique infectante, seules 5% des personnes développeront la maladie. En France, on compte environ 84 cas pour 100.000 habitants, principalement dans l'est et le centre.
Les différentes formes de la maladie de Lyme sont toujours un sujet de discorde
"Depuis une dizaine d’années, des associations de patients, rejoints par quelques médecins et chercheurs et des activistes remettent en cause les connaissances acquises sur la borréliose de Lyme, son diagnostic et sa prise en charge", explique dans un édito attenant à l'étude Jean-Claude Desenclos, Directeur scientifique et adjoint au directeur général de Santé publique France.
Au centre de la discorde, une forme chronique de la maladie de Lyme, distincte de sa forme disséminée tardive : le syndrome persistant polymorphe après une possible morsure de tique (SPPT). L'existence du SPPT n'est pas accepté "par une grande partie de la communauté scientifique et médicale en France, en Europe ou Amérique du Nord". "Les conséquences en sont, notamment, une errance diagnostique et thérapeutique de nombreux patients ayant une symptomatologie compatible avec le SPPT, des traitements multiples et prolongés dont l’efficacité n’est pas démontrée et le développement d’une offre de diagnostic et de prise en charge alternative sans base scientifique", énumère Jean-Claude Desenclos.
Or, le SPPT a justement été entériné par les dernières recommandations de 2018 de la Haute Autorité de Santé (HAS) au sujet de la maladie de Lyme. C'est notamment pour cette raison que les sociétés savantes impliquées dans la prise en charge de la maladie de Lyme ne les ont pas adoptées. En attendant que de nouvelles recommandations soient proposées, la nouvelle étude de Santé Publique France a cherché à évaluer si les patients consultant pour une maladie de Lyme présumée en étaient vraiment atteints.
Lisez notre article pour mieux comprendre la controverse autour des recommandations de la HAS pour la prise en charge de la maladie de Lyme.
Moins de 10% des patients adressés pour la maladie de Lyme en étaient réellement atteints
"Les autorités sanitaires de notre pays devraient se pencher sur ce problème préoccupant, à l’heure du bon usage des antibiotiques", concluent les experts dans l'étude. Car sur 301 patients adressés au service de maladies infectieuses de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière pour la maladie de Lyme, 50% avaient déjà été traités par des antibiotiques… Mais seuls 9,6% d'entre eux ont finalement vu leur diagnostic se confirmer. Un résultat qui rejoint les 12% trouvés à Besançon et les 15% diagnostiqués à Nancy dans des études similaires, précisent les auteurs.
Pour confirmer le diagnostic de la maladie de Lyme, les médecins ont regardé 4 critères : exposition à la tique ou morsure, signes cliniques (fatigue, troubles de mémoire, douleurs articulaires…), biologiques (tests de diagnostic, à la précision controversée dans certains cas) et évolution après prise d'antibiotiques. Réunir ces 4 critères ou présenter un érythème migrant (anneau rouge autour de la piqure de tique) confirmait la maladie de Lyme. Pour confirmer le diagnostic de la maladie de Lyme, il faut donc la plupart du temps évaluer la réponse à un mois de traitement antibiotique, appelé "traitement présomptif".
80% des patients étaient atteints de maladies neurologiques, rhumatologiques ou encore psy
Après évaluation initiale et sur la base de ces critères, 26% des 301 patients ont d'office été diagnostiqués d'une autre maladie que Lyme. Pour les autres, le traitement présomptif a été administré chez ceux qui avaient été insuffisamment ou pas traités auparavant. Les médecins ont alors observé un échec du traitement… chez 80% des patients.
Pour diagnostiquer correctement tous ces patients en échec, les médecins ont utilisé une approche dite "holistique", c'est-à-dire basée sur une approche globale du patient, incluant les tests médicaux mais aussi ses antécédents, ou encore l'histoire des symptômes présumés de la maladie de Lyme. Résultat : au total, ce sont 80% de leurs 301 patients qui ont été diagnostiqués d'une autre maladie que Lyme, pour laquelle ils étaient pourtant venus sur le conseil de leur médecin généraliste ou spécialiste. Maladies neurologiques, rhumatologiques ou troubles psychiatriques comme la dépression ou un syndrome de stress post-traumatique : les diagnostics réels sont variés. "Des médecins peuvent encore traiter une maladie de Lyme présumée alors qu’il existe d’autres diagnostics alternatifs, parfois évidents", concluent les auteurs de ces travaux. Cette majorité de patients souffrant de tout autre chose que la maladie de Lyme était en moyenne un peu plus jeune, avait un plus grand nombre de symptômes, et moins de sérologies positives (tests diagnostics). Quant aux quelques 10% restant, leur diagnostic reste inconnu.
Une "sur-utilisation des services de santé", "aboutissant à une invalidité et une détresse substantielle"
Au final, "notre rôle de médecins durant cette étude a plus souvent consisté à mettre fin au traitement antibiotique inutile plutôt qu’à le prescrire ou le prolonger", constatent les médecins dans l'étude. Un constat alarmant, alors que l'usage incontrôlé des antibiotiques permet à de plus en plus de bactéries de leur résister. Mais cette suspicion de maladie de Lyme chez les patients présentant des "symptômes prolongés inexpliqués" entraîne également une "sur-utilisation des services de santé, un risque de maladies non diagnostiquées et non traitées, aboutissant à une invalidité et une détresse substantielle", déplorent-ils.