ROYAUME-UNI Brexit : et pourtant, les Britanniques voteront aux Européennes !
"Nous espérions vraiment que ces élections n’aient pas à se tenir " : difficile de faire moins enthousiaste que David Lidington. Le vice-Premier ministre a ainsi annoncé mardi aux électeurs britanniques qu’ils devront voter aux élections européennes - le 23 mai dans leur pays.
Pire, David Lidington a ajouté : "Idéalement, nous voudrions que les députés européens (élus par les Britanniques) n’aient jamais à siéger"…
Obligation légale
Ce non-sens très anglais est provoqué par l’impossibilité du Parlement britannique de ratifier l’accord sur le Brexit conclu par la Première ministre Theresa May. Or, tant que le Royaume-Uni n’est pas sorti de l’Union européenne, il est dedans, donc légalement tenu d’organiser les élections comme n’importe quel État membre.
David Lidington est d’autant moins enthousiaste que son parti conservateur est promis à une claque historique : 13 %, selon les derniers sondages, très loin de son score des législatives de 2017 (42 %) et même des Européennes précédentes (23 %).
À l’évidence, les électeurs veulent sanctionner l’incapacité du gouvernement à réaliser le Brexit. Ils n’exonèrent pas l’opposition travailliste de cet échec, le Labour party de Jeremy Corbyn étant donné à 21 % (contre 40 % aux législatives).
Triomphe attendu de Farage
Hasard du calendrier, le probable vainqueur de ces élections tenait conférence de presse mardi, au moment de leur confirmation : Nigel Farage, leader du tout nouveau Brexit Party, crédité de 30 % des intentions de vote.
L’autre vainqueur probable sera l’abstention, déjà supérieure à 75 % en 2014.
Nigel Farage, mardi en conférence de presse… Photo Tolga AKMEN/AFP
Pendant ce temps, les négociations entre le gouvernement et l’opposition ont atteint le moment décisif ("crunch time"), selon un responsable travailliste. Le compromis se nouerait autour d'un Brexit permettant au pays de rester dans l’Union douanière. Mais cette solution a un inconvénient majeur : elle est rejetée par une majorité de députés conservateurs et nombre de députés travaillistes ne l’accepteraient qu’accompagnée d’un référendum de confirmation…
L’espoir de boucler avant la première séance du nouveau Parlement européen, le 2 juillet, apparaît déjà exagéré.