La croissance contre les oiseaux

. ©Getty -  bunhill
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Face au nouveau rapport de l'IPBES, qui annonce un effondrement sans précédent du vivant, la réaction des Etats est de ne rien changer. Surtout ne rien faire qui puisse remettre en cause la sacro-sainte croissance et le modèle économique sur lequel elle est fondée.

Voici le bruissement, ordinaire et familier, dont nous allons bientôt devoir apprendre à nous passer. Oublier le bruit des oiseaux, oublier les insectes aussi et toute une partie de la nature, condamnée à brève échéance par l’humanité. C’est en tout cas ce qu’affirme un rapport, élaboré par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité, et remis aux chefs d’État et de gouvernement lors de ce sommet.

L’intérêt de ce rapport est de synthétiser une décennie de travaux scientifiques pour dresser un panorama général et cohérent de l’état de la biosphère. Et le constat est, une nouvelle fois, sans appel : une grande partie de la nature est déjà perdue et ce qui reste continue de décliner. 

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Et c’est bien entendu l’homme qui en est la cause. Un million d’espèces vivantes menacées d’extinction par une seule. L’humanité, comme force de destruction massive, est à l’origine de la sixième extinction du vivant et rien ne semble aujourd’hui en mesure de l’arrêter. 

En tout cas pas les maigres engagements pris par les dirigeants internationaux à l’occasion de ce sommet. Tout au plus, la déclaration commune acte-t-elle « la nécessité d’accélérer et d’intensifier les efforts des pays » et « d’encourager l’engagement d’autres acteurs », en particulier les entreprises. 

Encourager, accélérer, améliorer… Autrement dit : surtout ne rien changer. En France, le gouvernement parle de lutte contre le gaspillage et de plastique recyclé, comme horizon pour sortir de cette crise de l’humanité.

Pourtant, ce rapport de l’IPBES montre bien les conséquences économiqus désastreuses que pourrait avoir cet effondrement sur nos sociétés. Comme bien souvent, le seul langage que comprennent les dirigeants économiques et politiques de ce monde est celui de leur propre intérêt. Avec le fol espoir qu’ils seront enfin entendus, les scientifiques ne mâchent donc pas leurs mots. L’humanité est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise et il n’y aura, cette fois, pas de retour possible. 

Comme l’explique Robert Watson, président de l'IPBES : « Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ». Des situations  bien souvent irréversibles, si bien que la productivité de la Terre décroît désormais sur près d’un quart de la surface du globe. 

Ainsi 85% des zones humides ont aujourd'hui disparu, la moitié des coraux ont été détruits et un quart des espèces animales est en voie d’extinction. Une destruction de masse qui a, en retour, un véritable effet sur la capacité de l’homme à prospérer, vivre et survivre, dans ces milieux. 

Et pourtant, aucune décision concrète n’a été prise lors de cette réunion du G7. Sur le modèle des conférences pour le climat qui se suivent et se ressemblent sans que la moindre décision soit prise, cette réunion se perd dans un concours de faux-semblants. Il faut dire que les intérêts financiers sont absolument phénoménaux, puisqu’une véritable mobilisation pour protéger la nature remettrait en cause notre modèle de production et de consommation, sur lequel sont fondées les plus grandes fortunes du monde.

Fidèle à leur rôle de chef des somnambules, les Etats-Unis ont ainsi réaffirmé, à l’issue de cette réunion, « leur volonté de se retirer des accords de Paris, pour promouvoir la croissance économique et l’accès énergétique ». Si cette déclaration semble cynique, au moins a-t-elle le mérite de la clarté. Au moins les Etats-Unis revendiquent-ils ouvertement leur volonté de protéger intérêts et profits, fût-ce au détriment de la vie. 

Au moins Trump ne fait-il pas mystère de ses intentions, contrairement aux pays qui revendiquent leur engagement écologique sans engager la moindre mesure pour encadrer l’activité économique. La croissance, toujours la croissance et jamais les oiseaux. 

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