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Quand la prise de vitamine D entraîne une insuffisance rénale

La vitamine D est naturellement synthétisée lors de l’exposition au soleil, et la nécessité d’une supplémentation est de plus en plus battue en brèche. GH/ExQuisine - stock.adobe.com

Un patient canadien, qui s’était vu conseillé une supplémentation en vitamine D par un naturopathe, a développé une insuffisance rénale chronique deux ans et demi plus tard.

L’usage de compléments alimentaires n’est pas toujours sans risques… Un article publié dans le Journal de l’Association médical canadienne (CMAJ) par des néphrologues de l’hôpital de Toronto, vient le rappeler en explorant le cas d’un homme victime de défaillance rénale après la prise répétée de vitamine D.

L’homme de 54 ans avait été admis à l’hôpital avec un taux de créatinine très élevé, possible signe d’une souffrance rénale. La créatinine est un déchet métabolique qui provient de la destruction normale des cellules musculaires, normalement éliminé par la voie urinaire. Son dosage permet donc d’évaluer le fonctionnement des reins. En guise d’antécédents médicaux, précisent les auteurs, le patient souffrait d’hypertension, de dyslipidémie et de goutte, pathologies pour lesquelles il prenait plusieurs médicaments (périndopril, rosuvastatin, amlodipine, indapamide et febuxostat). A noter que certains de ces produits, ou leur association, sont interdits en cas d’insuffisance rénale et que chez les autres patients, la fonction rénale doit être surveillée après l’introduction du traitement. Le patient lui-même n’avait pas de problèmes de reins mais deux de ses proches parents étaient dialysés.

De retour de vacances dans le sud-est asiatique, le taux de créatinine du patient s’était mis à augmenter, poussant son médecin généraliste à lui demander d’arrêter temporairement les anti-hypertenseurs et les diurétiques. Il pensait que l’exposition du patient à la chaleur lors de son voyage pouvait avoir modifié le métabolisme de certains de ses médicaments. Mais son taux de créatinine avait continué à augmenter rapidement, et une hypercalcémie était apparue.

Bien au-delà des doses maximales

A l’hôpital, alors que les multiples examens réalisés ne permettaient pas d’expliquer son état, l’homme mentionna qu’il voyait un naturopathe, qui lui avait prescrit de hautes doses de vitamine D, et ce alors que le patient ne présentait aucun antécédent montrant une fragilité osseuse ou une carence en vitamine D. Ayant acheté une autre formulation que celle qui lui avait été recommandée, l’homme avait sans le savoir doublé la dose. «Pendant 2 ans et demi, il a pris 8 à 12 gouttes chaque jour pour une dose quotidienne totale de 8000 à 12.000 Unités internationales, soit bien au-delà des doses maximales recommandées, et ce sans jamais avoir été informé d’une possible toxicité du produit», regrettent ses néphrologues.

Le patient ayant refusé d’être traité par corticothérapie, ses médecins lui ont prescrit de l’hydroxychloroquine, un antipaludique également utilisé dans certaines maladies auto-immunes. Un an plus tard, les taux de calcium et de vitamine D du patient étaient revenus à la normale... Mais de cette aventure lui restait une maladie rénale chronique de stade 3B (insuffisance rénale modérée).

Essentiellement synthétisée sous l’effet de l’exposition au soleil, la vitamine D joue un rôle important en particulier dans la minéralisation osseuse. Pourtant, les seuils en deçà desquels on considère une carence, et la nécessité d’une supplémentation chez l’adulte, sont de plus en plus battus en brèche y compris dans la prévention des fractures, comme l’a notamment montré l’an dernier une revue de littérature menée par l’US Preventive Services Task Force (dans la revue Jama), qui soulignait par ailleurs l’association avec une hausse de l’incidence des calculs rénaux. Et surtout, alertent les néphrologues canadiens, «bien que la toxicité de la vitamine D soit rare (…), sa large disponibilité dans différentes formulations en vente libre peut présenter un risque important pour les patients non informés». Les possibles conséquences d’un excès de vitamine D sont nombreuses et très variables, précisent les auteurs, mais toutes pourraient être liées à l’hypercalcémie provoquée par la sursaturation en vitamine D.

Quand la prise de vitamine D entraîne une insuffisance rénale

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8 commentaires
  • Antipour

    le

    Quel est l'intérêt de cet article du Figaro? A part alarmer les gens inutilement, tant dans nos régions peu ensoleillées, la supplémentation en Vit D est indispensable. Ce n'est pas du journalisme, mais du sensationnalisme et ne devrait pas avoir sa place dans la presse quotidienne. Je suggère à Mme Solene Roy d'aller piger à Voici.

  • Z

    le

    Toujours lire la notice avant de prendre un médicament .

  • Profil974

    le

    Évitez ce type de titre affolant quand on sait que la carence en vitamine D est fréquente surtout chez l’enfant et la personne âgée entraînant pour le premier le rachitisme et pour la deuxième l’osteomalacie et nécessite son traitement adjuvant en cas d’ostéoporose Sa carence a l’âge adulte augmente aussi les risque de cancer du poumon et du colon
    Donc attention ce n’est que par des doses trop forte quotidienne qu’il y a ce risque d’insuffisance rénale (et d’ailleurs si on doit parler de stade d’insuffisance rénale, c’est sur la clearance de la creatinine et non pas sur la creatinine seule que l’on doit juger)

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