Jour du dépassement : quelles solutions pour la planète ?

    Ce vendredi, l’Europe a consommé symboliquement plus de ressources naturelles que ce que la Terre peut lui fournir en une année. Heureusement, nous pouvons changer nos comportements pour lutter contre ce déficit écologique.

     Si le monde entier vivait comme les Européens nous aurions déjà épuisé plus de ressources que ce que la planète peut nous procurer au cours d’une année.
    Si le monde entier vivait comme les Européens nous aurions déjà épuisé plus de ressources que ce que la planète peut nous procurer au cours d’une année. AFP/Joël Saget

      Quand on aime, on ne compte pas. C'est peut-être vrai en amour mais quand il s'agit de la planète, savoir compter est vital. Car si l'on part du principe que la Terre est notre mère nourricière, que ses forêts et ses océans captent le carbone, qu'elle nous fournit de l'eau douce et de l'air pur, puiser sans compter dans ces ressources, c'est lentement mais sûrement scier la branche sur laquelle on est assis.

      L'association écologiste WWF et le Global Footprint Network tirent ce jeudi le signal d'alarme car l'Europe, à partir du 10 mai, vivra au-dessus des moyens que peut lui offrir la nature. Cela s'appelle « le jour du dépassement » : une étape qui symbolise le jour à partir duquel - si le monde entier vivait comme les Européens - nous aurions pêché plus de poissons, abattu plus d'arbres et cultivé plus de terres que ce que la planète peut nous procurer au cours d'une année. La bonne nouvelle, c'est qu'on peut inverser la tendance.

      Halte aux méga complexes commerciaux

      « En 2018, notre pays compte 2000 hypermarchés, 10 000 supermarchés (soit deux fois plus qu'en 2008) et plus de 800 centres commerciaux, explique Franck Gintrand, auteur du « Jour où les zones commerciales auront dévoré nos villes » (Ed. Thierry Souccar). Cela fait de la France la championne d'Europe des zones commerciales en périphérie des villes. »

      Conséquence de cette artificialisation : « La France perd l'équivalent de la surface d'un département français tous les six à dix ans en bétonnant des espaces naturels ou agricoles pour les transformer en autoroutes, centres commerciaux ou parcs de loisirs », s'alarme Arnaud Gauffier, codirecteur des programmes du WWF.

      Symbole le plus récent de cette soif de terres : le projet de méga complexe EuropaCity, qui prévoit de construire un immense parc de commerces et de loisirs, censé attirer 31 millions de visiteurs, sur une vaste zone agricole au nord de Paris. Dénonçant un « gaspillage absurde de terres agricoles », les opposants ont appelé cette semaine Emmanuel Macron à « annuler le projet ».

      Stop aux serres chauffées

      Le cahier des charges bio impose « le respect des cycles naturels » et une « utilisation responsable de l'énergie ». C'est en vertu de ces principes que la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab) se bat depuis presque un an contre le chauffage des serres en hiver pour la production de fruits et légumes bio hors saison.

      Souhaitant que cette pratique soit interdite, la Fnab avance des chiffres qui parlent d'eux-mêmes : une tomate produite en France sous serre chauffée est responsable de quatre fois plus de gaz à effet de serre qu'une tomate importée d'Espagne et huit fois plus qu'une tomate produite en France en saison.

      Pas d'huile dans nos réservoirs

      Alors que se profilent les élections européennes, la présidente du WWF France, Isabelle Autissier, appelle à « revenir sur l'autorisation d'introduire de l' huile de palme dans les carburants ». « Couper des forêts primaires pour faire pousser des palmiers à huile afin d'introduire ensuite cette huile dans nos moteurs, c'est une hérésie », estime la navigatrice.

      Greenpeace cite l'exemple de la raffinerie Total de la Mède : « Total a importé 20 000 tonnes d'huile de palme il y a quelques semaines qui provient d'Indonésie, où la forêt tropicale abrite une espèce d'orang-outan menacée. » « On commence même à parler d'introduire dans les carburants de l'huile de soja, ce qui contribuera à accentuer la déforestation de l'Amazonie », soupire Isabelle Autissier.

      Mollo sur la viande et le poisson

      Saviez-vous qu'il faut environ 7000 litres d'eau pour produire 500 g de bœuf ? Si vous doutiez encore de l'impact écologique de l'élevage et de la consommation de viande à l'échelle de la planète, des chercheurs viennent de le calculer.

      D'après cette étude parue dans « Nature », les pays développés devront réduire de 90 % leur consommation de viande pour préserver la planète et nourrir les quelque 10 milliards d'humains attendus d'ici 2050.

      « L'élevage bovin exige notamment de grandes surfaces de terres cultivables pour produire le soja qui nourrit les bêtes », détaille Isabelle Autissier, elle-même devenue… flexitarienne. « Si je continue parfois à manger de la viande, j'ai considérablement réduit ma consommation de protéines animales, explique-t-elle. Et cela vaut aussi pour le poisson, dont certaines espèces sont surconsommées ou que l'on importe de très loin. »