TERRORISME - À en croire le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, organisme financé par le ministère de la Défense des États-Unis pour étudier la géopolitique du continent africain, il s’agit du groupe terroriste à la croissance la plus rapide au Sahel.
Ce vendredi 10 mai, les autorités françaises ont annoncé que les forces spéciales étaient intervenues dans le nord du Burkina Faso pour libérer des otages, dernière opportunité avant qu’ils ne soient remis à la Katiba Macina. Si la ministre des Armées Florence Parly n’a pas voulu confirmer l’identité du groupe terroriste, le Général d’armée François Lecointre semblait formel quant aux informations livrées par le renseignement militaire français.
Car si le nom n’est pas forcément connu du grand public, cette organisation constitue une menace certaine et une préoccupation constante pour les soldats de l’opération Barkhane. Katiba signifie en arabe un groupe armé et le Macina est un ancien État guerrier de l’ouest du Mali, à la frontière nord du Burkina Faso et jusqu’au sud de la Mauritanie. En français, le groupe est régulièrement appelé “Front de libération du Macina”.
Présent au sein d’une “multinationale du terrorisme”
Fondée en 2015 et principalement active dans la région de Mopti, la Katiba Macina a gagné en influence ces dernières années. Depuis mars 2017, elle a rejoint le JNIM, une “multinationale du terrorisme” pour citer les mots de la sénatrice Nathalie Goulet, spécialiste des questions jihadistes. Cette alliance de multiples factions regroupe par exemple Ansar Dine, des branches d’Al-Qaeda au Maghreb islamique, des combattants du défunt Mujao et du MNLA etc. Bref, de la plupart des factions qui font planer une menace jihadiste omniprésente sur le Sahel depuis 2012.
Selon le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, alors que les exactions islamistes ne cessent d’augmenter en nombre dans la région depuis 2016, c’est bien la Katiba Macina qui perpétue la plupart des attaques. Des attentats qui ne touchent pas seulement le Mali, mais aussi de plus en plus fréquemment le Burkina Faso et le Niger.
Et la Katiba Macina affiche clairement ses objectifs: l’organisation veut rétablir la “République islamique du Macina”, du nom d’un Empire du XIXe siècle où était appliquée la loi islamique et qui s’étendait sur de vastes régions du centre du Mali. Aujourd’hui, elle compte accaparer le soutien populaire et faire sécession vis-à-vis de l’État malien.
Le groupe a été fondé par Amadou Koufa, un prêcheur modéré qui s’est progressivement radicalisé, notamment au contact d’autres leaders jihadistes de la région. Après avoir été formé militairement en 2012 au sein du groupe Ansar Dine jusqu’à mener des attaques contre les autorités maliennes et à faire une percée en direction de Bamako, il s’est vu opposer une réponse internationale: l’opération Serval.
Des liens profonds avec d’autres groupes jihadistes
Battant en retrait et œuvrant davantage dans l’ombre, il a alors commencé à se constituer un réseau d’alliés, à partir d’anciens membres d’autres groupes jihadistes. Puis en 2015, donc, il a officiellement fondé la Katiba Macina et perpétré plusieurs attentats massifs, dont l’attaque contre l’hôtel Byblos, à Sévaré, ou celle du Radisson de Bamako, qui a fait 22 morts.
À l’heure actuelle, le groupe serait responsable de la mort d’une centaine de soldats maliens, via des attentats suicides, des attaques armées et des poses de bombes. Sur le conseil d’Aqmi, le groupe a longtemps réussi à rester sous les radars de l’antiterrorisme international, dissimulant avec talent ses liens avec des groupes étrangers. Selon les informations du Monde, ce seraient d’ailleurs des jihadistes burkinabés affiliés à l’État islamique qui auraient tenté de remettre les otages à la Katiba Macina (proche, elle, du rival jihadiste Al-Qaeda). Une preuve supplémentaire de l’importance prise par l’organisation dans la région et de ses rapports profonds avec d’autres groupes terroristes.
Aujourd’hui, et malgré le possible décès d’Amadou Koufa dans une frappe de l’opération Barkhane fin 2018 (mort qui a été réfutée par des chefs jihadistes et dont les autorités françaises doutent également), la Katiba Macina reste donc l’une des menaces les plus puissantes dans la région. Sans l’intervention des forces spéciales françaises, elle pourrait même être en possession de quatre otages occidentaux. À en croire le général d’armée François Lecointre, si elle avait pu se faire transférer les prisonniers, il n’aurait plus été possible d’intervenir militairement pour les libérer.
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