Un million d'espèces sont menacées d'extinction. 75 % de la surface terrestre est "altérée" par l'humain. 60 % des animaux sauvages ont disparu en 40 ans... Les chiffres de l'effondrement de la biodiversité sont alarmants. Un nouveau rapport de l'IPBES, des experts de l'ONU, pointe cinq facteurs principaux, dont l'utilisation des terres et la pollution plastique. 

C’est un cri d’alerte qu’ont lancé les experts scientifiques de l’ONU sur la biodiversité le lundi 6 mai. Selon leur rapport, publié après trois ans de recherche, un million d’espèces animales et végétales seraient menacées d’extinction, sur les huit millions d’espèces estimées.
"La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistances, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier", a rappelé Sir Robert Watson, Président de l’IPBES. Les 450 experts notent cinq coupables à cet effondrement.

L’utilisation des terres, premier coupable
Premier facteur, l’utilisation des terres. Ils estiment que plus d’un tiers de la surface terrestre mondiale est destiné à l’agriculture ou à l’élevage. En vingt ans, 100 millions d’hectares de forêt tropicale ont été perdus, principalement à cause de l’élevage du bétail et des plantations de palmiers à huile en Asie du sud-est.
Deuxième facteur, l’exploitation des ressources. Là encore, l’agriculture est pointée du doigt, 75 % des ressources en eau douce lui sont destinées. Côté mer, l’IPBES estime que 55 % des zones océaniques sont exploitées par la pêche industrielle et que 50 % de la couverture des récifs coralliens ont disparu depuis les années 1870.
Sur la troisième marche de ce triste podium, on trouve le réchauffement climatique. "Les causes du changement climatique et de la perte de biodiversité ont beaucoup en commun, et ce rapport prouve que nous ne pouvons sauver le climat que si nous sauvons également la nature", a souligné Laurence Tubiana, directrice générale de la Fondation européenne pour le climat (ECF). Même avec un réchauffement planétaire limité à 2°C, 5 % des espèces seraient en voie d’extinction et le taux grimperait à 16 % pour un réchauffement à 4,3°C.
Il n’est pas trop tard pour agir 
L’avant-dernière place est occupée par la pollution, notamment plastique. Phoque coincé dans un filet de pêche, écureuils entremêlés par des fils plastiques, hippocampe agrippé à un coton-tige… La pollution plastique est responsable du décès de 1,5 million d’animaux chaque année. Les experts estiment que la pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980.
Enfin, les espaces exotiques envahissantes sont également responsables du déclin de la biodiversité. Leur nombre a augmenté de 70 % depuis 1970. En juin, une étude publiée dans la revue PeerJ mettait en garde la France contre une invasion de vers géants venus d’Asie. Or ces vers sont capables de tuer des individus 50 fois plus lourd qu’eux et se nourrissent de corps mous comme les lombrics, pourtant indispensables à la biodiversité du pays. En creusant des galeries, les vers de terre contribuent à son aération. Plusieurs autres espèces, comme les moustiques tigres, nuisent à la biodiversité.
Reste que les êtres humains, responsables de cet effondrement, peuvent encore rectifier le tir. "Le rapport nous dit qu’il n’est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant, à tous les niveaux, du local au mondial", avance Sir Robert Watson. "La nature peut encore être conservée, restaurée et utilisée de manière durable, ce qui est également essentiel pour répondre à la plupart des autres objectifs mondiaux".
Marina Fabre, @fabre_marina

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes