Européennes 2019 : chez LR, la «remontada» se fait toujours attendre

La liste emmenée par François-Xavier Bellamy suscite un réel enthousiasme en interne, mais plafonne dans les intentions de vote, à deux semaines du scrutin. LR continue à y croire.

 Malgré ses très fréquents déplacements, Françoix-Xavier Bellamy attend toujours un regain d’intérêt pour sa liste.
Malgré ses très fréquents déplacements, Françoix-Xavier Bellamy attend toujours un regain d’intérêt pour sa liste. LP/Olivier Corsan

    « Dans cette élection, la seule liste qui a une dynamique, c'est la nôtre! » Voilà ce que répète depuis des semaines Laurent Wauquiez. Manière d'essayer de remettre du vent dans les voiles de son parti, qui, il est vrai, est bien remonté des abysses sondagières dans lesquelles il trempait en janvier. Le choix de François-Xavier Bellamy comme tête de liste n'y est pas étranger : le jeune philosophe mis en selle par Wauquiez a su séduire et rassurer la base militante, redonnant un peu de vigueur aux Républicains.

    Mais voilà, la fameuse « remontada » tant louée par le patron des Républicains connaît un coup de mou ! La liste Bellamy, qui navigue entre 13 et 14 % d'intentions de vote, peine à percer davantage à deux semaines du scrutin. Bien loin du duo de tête LREM-RN. Et à un niveau toujours historiquement bas pour le parti de la droite de gouvernement. « Si vous regardez à droite, En Marche et le RN sont à peu près à leur niveau de 2017. Il n'y a que LR qui n'y arrive pas », observe un cadre du parti lepéniste. Il est vrai qu'ils paraissent encore loin, les 20% réalisés par François Fillon à la présidentielle.

    Pour Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'institut de sondage Ifop, cette difficulté des Républicains à se relever a une double cause, conjoncturelle et structurelle. La première : les élections européennes mobilisent peu les foules. « La moitié des électeurs de François Fillon dit qu'elle va s'abstenir », détaille Fourquet. Et parmi ceux des fillonistes qui comptent voter, un gros quart a l'intention de se prononcer en faveur de la liste En Marche, toujours selon l'Ifop.

    «Ces difficultés ne sont pas passagères»

    LR profite aussi moins que LREM de la forte participation des seniors, où il est pourtant généralement très fort. « La situation est moins inquiétante qu'au PS, mais les difficultés de la droite ne sont pas passagères… » analyse encore Fourquet, pour qui la recomposition politique post-2017, et l'aspiration par Emmanuel Macron d'une partie de la droite, se poursuit encore aujourd'hui. Les parlementaires Républicains Françoise Grossetête, eurodéputée sortante, et Jean-Pierre Grand, sénateur de l'Héraut, viennent d'ailleurs d'annoncer qu'ils voteraient LREM en mai.

    L'«effet Bellamy » tant loué au sein de LR semble trouver ses limites. « Il ne passe pas la frontière des lecteurs du Figaro et de Valeurs Actuelles, quoi… » nous souffle un député LR par texto, pour souligner que l'image du jeune philosophe, dont il admet pourtant le « talent », correspondrait à une droite trop étriquée, conservatrice.

    « On rentre dans le money time, tout va se jouer dans les deux dernières semaines. C'est là que l'intérêt des Français va être plus important », veut croire un proche de Laurent Wauquiez. Ce dernier va d'ailleurs augmenter sa présence dans les médias. Bien seul en 3e position, LR espère aussi apparaître comme le 1er vote de contestation du « match Macron-Le Pen ». Bellamy, de son côté, poursuit son marathon des déplacements – une moyenne d'un par jour depuis début mai! – persuadé que cela finira par payer. « Il a la foi notre Bellamy! » loue un cadre du parti. Mais les électeurs LR d'hier n'ont, eux, pas encore retrouvé la leur.