PARIS, 12 mai (Reuters) - La mise en place d'une juridiction spécifique destinée à juger les djihadistes étrangers détenus en Syrie est à l'étude, déclare le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dans une interview publiée dimanche par Le Parisien. Pour les autorités françaises, les djihadistes français ayant combattu dans les rangs de l'Etat islamique et ayant été capturés en Irak ou en Syrie doivent être jugés sur place. "Pour l'Irak, il y a une justice irakienne, en Syrie c'est particulier parce que c'est un pays toujours en guerre. Nous examinons la possibilité de créer un mécanisme juridictionnel spécifique", dit Jean-Yves Le Drian dans cet entretien. S'il ne donne pas plus de précisions sur ce projet, le ministre explique que ce mécanisme pourrait s'inspirer "d'autres exemples de dispositif judiciaire à dimension internationale, du type de ce qui a été fait pour le Kosovo, ou sur le continent africain. On l'étudie". Au-delà de ces exemples de juridictions placées sous l'égide de l'Onu, Jean-Yves Le Drian écarte toute comparaison avec les procès de Nuremberg, où furent jugé les principaux dignitaires nazis accusés de crimes de guerre après la Seconde Guerre mondiale. Alors que le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a proposé fin mars un "Nuremberg des djihadistes", le chef de la diplomatie française estime qu'il s'agit d'"une référence trop lourde historiquement". Aucun détail supplémentaire n'a pu être obtenu auprès du Quai d'Orsay dans l'immédiat. Les Forces démocratiques syriennes (FDS) souhaitent également la mise en place d'une juridiction pénale internationale dédiée dans la région. Cette coalition de combattants arabo-kurdes soutenue par les Occidentaux a fait tomber fin mars le dernier bastion syrien de l'Etat islamique et détient nombre de ces djihadistes étrangers. Des divergences subsistent entre les pays du G7 sur ce point: l'Allemagne, comme la France, estime que les djihadistes étrangers ont vocation à être jugés sur place, tandis que les Etats-Unis sont favorables au rapatriement et au jugement de ces djihadistes étrangers dans leur pays d'origine. En ce qui concerne les enfants de djihadistes français, Jean-Yves Le Drian réaffirme la doctrine française d'un rapatriement des "enfants en bas âge au cas par cas, en relation avec la Croix-Rouge". Après le rapatriement mi-mars de cinq mineurs orphelins et isolés, âgés de cinq ans et moins , il explique que les autorités françaises sont "disposé(e)s à en faire d'autres", en précisant que les enfants concernés "seront remis à la justice pour enfants en France". Selon des sources françaises, les FDS retiendraient quelque 150 ressortissants français, dont une majorité d'enfants, dans le nord-est de la Syrie et les appels se multiplient depuis quelques mois pour le rapatriement de ces mineurs. (Myriam Rivet, édité par Henri-Pierre André)
Syrie: Un tribunal spécifique pour les djihadistes étrangers à l'étude - Le Drian
information fournie par Reuters12/05/2019 à 19:40
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