Bulletins auto-imprimés, pénurie et comptes refusés : la campagne des européennes vue par les "petites" listes

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Bulletins auto-imprimés, pénurie et comptes refusés : la campagne des européennes vue par les "petites" listes

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Les "petites"' listes en lice pour les élections européennes n'ont pas forcément les moyens financiers pour imprimer et coller des affiches (illustration)
Les "petites"' listes en lice pour les élections européennes n'ont pas forcément les moyens financiers pour imprimer et coller des affiches (illustration)
© Maxppp - Julio PELAEZ

La campagne officielle a débuté, ce lundi, pour les 34 listes en lice pour les élections européennes du 26 mai. Mais toutes ne sont pas logées à la même enseigne : si les "gros" candidats sont quasiment assurés de se faire rembourser une partie de leurs frais, ce n'est pas le cas des "petits", qui doivent s'adapter.

À chaque élection, c'est la même chose. Il y a les partis qui ont l'habitude des campagnes électorales et les équipes qui vont avec, et les candidats plus novices, pour lesquels les choses sont légèrement plus artisanales. "Nous avons pu financer les affiches, mais nous n'avons pas les moyens de payer des entreprises, donc ce sont les candidats qui les collent", sourit Sophie Caillaud, la tête de liste du parti Allons Enfants pour les élections européennes.

Espace téléchargement 

La règle est la même pour tout le monde : toutes les dépenses liées à la campagne sont à la charge des candidats, et notamment les frais d'impression, que ce soit pour les affiches, les bulletins de vote ou les professions de foi. Pour les "petites" listes aux moyens modestes, le défi est quasiment impossible à relever, d'autant que seules celles qui recueilleront plus de 3% des suffrages seront remboursées. 

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Par conséquent, à Paris, le parti Allons Enfants a choisi de rationaliser et de coller des affiches dans les arrondissements où il y a le plus de passage. Pour ce qui est des bulletins de vote, idem : la liste a choisi de privilégier les grosses villes comme Paris, Nantes ou Lille.

Autre exemple : les Oubliés de l'Europe, le parti issu de la Coordination nationale des indépendants (CNDI), a recueilli environ 100 000 euros auprès de ses candidats et des ses adhérents, selon sa tête de liste Olivier Bidou. De quoi payer uniquement les bulletins qui seront acheminés dans les bureaux de vote le jour du scrutin, mais pas ceux qui sont envoyés avec les professions de foi. 

Beaucoup de petites listes compensent ce manque de moyen avec Internet, avec des bulletins de vote à télécharger et à imprimer. Évolution citoyenne, par exemple, la liste menée par le "gilet jaune" Christophe Chalençon, proposera uniquement des bulletins sous cette forme. "Nous allons aussi créer un espace téléchargement avec des affiches, pour tout ceux qui veulent les imprimer et les coller partout en France", ajoute Brice Blazy, le numéro 3 de la liste.

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Pour les tracts et les professions de foi, c'est la même logique : "Nos candidats et nos adhérents les impriment eux-mêmes et les distribuent sur les marchés", expliquent encore Olivier Bidou, des Oubliés de l'Europe.

Difficultés administratives

Les équipes autour des "petites" listes étant plus réduites qu'autour des partis installés depuis longtemps, les problèmes deviennent vite difficiles à surmonter. Ainsi, Allons Enfants a dû faire face à une pénurie de papier 70 grammes, le format imposé par le ministère de l'Intérieur. Chez Évolution citoyenne, impossible pour le moment d'encaisser les dons récoltés au cours de la campagne, faute de compte. "On en est au quatrième refus de la part des banques", souffle Brice Blazy. Conséquence : les candidats avancent eux-mêmes leur frais de déplacement.

"Le côté technique ça va, c'est plus l'administratif qui est compliqué, il a fallu créer une association de financement et désigner un mandataire financier", explique Olivier Bidou, dont la liste veut représenter les artisans, les commerçants, les professions libérales et les indépendants. Et il y en a des choses à vérifier : le "Mémento à l'usage des candidats" préparé par le ministère de l'Intérieur fait 84 pages.

"C'est comme s'investir dans un sport"

Deux choses, pour le coup, sont prises en charge par l'État : les clips diffusés à la télévision dans la cadre de la campagne officielle et la diffusion des programmes sur un site internet dédié. Mais pour le reste, les candidats ne sont pas sûrs de revoir un jour l'argent qu'ils ont investi.

"C'est comme quand vous vous investissez dans un sport ou une association, vous ne demandez pas à être remboursé, relativise Brice Blazy, de la liste Évolution citoyenne. On est là avant tout pour passer un message." En effet, ces élections, c'est une opportunité pour ces "petites" listes, peu médiatisées le reste de l'année. "L'enjeu c'est la représentation des jeunes", explique Sophia Caillaud, dont la liste est composée de candidats ayant moins de trente ans. "On veut aussi montrer que, même si c’est galère, on peut faire de la politique, sans être un professionnel de la politique", ajoute-t-elle.

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