Plastique : les pays en développement ne seront plus la solution de facilité

Plus de 180 pays ont convenu d'inclure le plastique au traité régulant les exportations de déchets dangereux.

De Laura Parker
Des ballots de plastique attendent d'être recyclés à Dhaka, au Bangladesh.
Des ballots de plastique attendent d'être recyclés à Dhaka, au Bangladesh.
PHOTOGRAPHIE DE Randy Olson, Nat Geo Image Collection

Les pays riches ne pourront plus expédier aussi facilement leurs déchets plastique vers les pays pauvres. Le 10 mai dernier, plus de 180 pays se sont entendus pour inclure les plastiques mélangés à la Convention de Bâle, le traité qui contrôle les mouvements trans-frontières des déchets dangereux et leur élimination.

Grâce à cet amendement, les exportateurs devront obtenir l'accord préalable du gouvernement des pays destinataires avant d'envoyer les déchets plastique les plus contaminés, les plastiques mélangés et ceux qui ne peuvent pas être recyclés. Cette exigence toute particulière est perçue comme une étape cruciale pour aider les différents acteurs internationaux à reprendre le contrôle sur la pollution plastique qui, selon les chiffres de l'ONU, a déjà déversé plus de 100 millions de tonnes de déchets plastique dans les océans de la planète.

David Azoulay travaille pour le Center for International Environmental Lawune organisation juridique d’intérêt public à vocation environnementale. Lors d'une interview, il a déclaré que l'initiative « était le parfait exemple d'un leadership international ambitieux. »

L'expédition de déchets plastique a commencé à poser problème l'année dernière après que la Chine, le plus grand importateur de débris plastique au monde, avait décidé de mettre fin à ses achats de déchets plastique non-industriels, un véritable séisme pour le secteur du recyclage évalué à 178 milliards d'euros. D'après une étude publiée l'année dernière, plus de 120 millions de tonnes de plastiques mélangés ou contaminés devront trouver un autre destinataire d'ici 2030 en raison de la nouvelle politique chinoise.

Conséquence de cette réorientation politique, d'autres pays du sud-est asiatique comme la Thaïlande, la Malaisie, le Vietnam et l'Indonésie ont rapidement été submergés par les cargaisons de déchets qu'ils n'avaient pas la capacité de traiter. Plusieurs pays ont entrepris de stopper les navires dès leur entrée dans leurs ports. À l'Ouest, les déchets plastique se sont accumulés sur les quais de la ville de San Francisco ainsi qu'au Royaume-Uni et dans d'autres pays européens, le temps que les exportateurs de déchets trouvent d'autres acheteurs.

Même si l'Union européenne est le plus grand exportateur de déchets plastique au monde, les États-Unis occupent la première place du classement par pays seul. Les États-Unis n'étant pas partie à la Convention de Bâle, il leur sera désormais interdit de vendre des déchets plastiques contaminés ou mélangés aux pays en développement parties à la Convention et non-membres de l'OCDE, indiquent David Azoulay et un autre observateur ayant assisté aux négociations.

Selon une porte-parole du Conseil américain de l'industrie de la chimie, les États-Unis auront la possibilité de négocier des accords séparés avec d'autres pays qui autoriseraient le commerce de plastique contaminé. Cependant, ajoute-t-elle, les amendements à la Convention dressent de « nouveaux obstacles réglementaires. »

Les nouvelles réglementations étaient proposées en tant qu'amendement à la Convention par la Norvège qui, avec d'autres pays, avait tenté sans succès d'élargir les accords sur la gestion des déchets plastique lors de la réunion du Programme des Nations unies pour l'environnement qui s'était tenue en mars à Nairobi.

À Genève, les États-Unis se sont opposés à l'amendement de la Convention. Ils ont avancé que des mesures volontaires visant à limiter la pollution plastique seraient plus efficaces que des mesures contraignantes, d'après un observateur du débat qui s'est tenu à Genève. Les États-Unis ont également suggéré qu'une meilleure infrastructure dans les pays en développement constituerait une solution plus efficace. Quoi qu'il en soit, ces suggestions ont eu peu d'effet sur le déroulement des négociations puisque les États-Unis ont signé la Convention sans la ratifier.

L'Institute of Scrap Recycling Industries, un organisme spécialisé dans le commerce du recyclage, a déclaré dans un communiqué que les amendements à la Convention « auront pour effet d'entraver la capacité mondiale à recycler le plastique… » Selon cet organisme, exiger le consentement préalable des pays importateurs ne fera que « créer un fardeau administratif pour les pays qui ne disposent pas d'infrastructures de recyclage lorsqu'ils souhaiteront exporter les plastiques collectés vers les pays où ce type de structures est déjà bien établi. » 

La Convention de Bâle a été négociée par le Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP), elle est considérée comme l'accord international le plus complet en ce qui concerne le traitement des déchets dangereux. Depuis l'année dernière, 186 pays et l'Union européenne sont parties à la Convention. En plus des États-Unis, quelques pays plus petits ont choisi de ne pas signer ou ratifier ce traité. Son nom complet est : Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements trans-frontières de déchets dangereux et de leur élimination.

 

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

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