Un industriel "traditionnel" vient jeter un grand pavé dans la mare en matière d’empreinte climatique. Le premier équipementier automobile mondial, l'Allemand Bosch, a annoncé vouloir investir deux milliards d'euros pour atteindre "dès 2020" la neutralité en émissions de CO2 pour toutes ses installations dans le monde. Une première pour un industriel de cette taille. 

"Nos calculs montrent que c’est possible, donc nous le faisons", a annoncé le patron du groupe, Volkmar Denner, lors de la conférence de presse annuelle. "À partir de 2020, Bosch n’aura plus d’empreinte carbone", explique le dirigeant. L’équipementier compte augmenter l’efficacité énergétique de ses opérations, acheter d’avantage d’électricité renouvelable et compenser les émissions "inévitables" par des investissements dans des projets environnementaux.
Un objectif radical mais inévitable pour le dirigeant : "Le changement climatique n’attend pas, et nous devons réagir plus rapidement pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris", a insisté Volkmar Denner. "D’ici 2030, les mesures de compensation seront réduites" au fur et à mesure que l’utilisation d’énergies renouvelables augmentera, a précisé Bosch dans un communiqué.
Si l’opération va aider le climat, il ne sera pas sans intérêt pour les fonds de l’entreprise. L’efficacité énergétique seule doit permettre des économies de près d’un milliard d’euros sur 10 ans, divisant par deux le coût des mesures environnementales. Alors que les émissions totales de CO2 de l’entreprise sont restées "à peu près stables ces dernières années", selon le PDG, Bosch vise désormais une baisse de 1 à 2 % en chiffres absolus par an.
Bosch dans le peloton de tête des entreprises engagés
À ce jour, plus de 500 entreprises se sont engagées, dans le cadre de l’initiative Science Based Targets, à aligner leurs objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre sur les recommandations des scientifiques du GIEC, pour maintenir la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C. Quelque 200 entreprises (Coca-Cola, Dell, Enel, General Mills, Kellogg’s, NRG Energy…) ont déjà vu leurs objectifs de réduction d’émissions approuvés.
Au-delà de cette initiative, d’autres entreprises s’engagent individuellement. Le géant mondial du commerce en ligne, Amazon, a lancé le programme Shipment Zero. Il vise à réaliser la moitié de ses livraisons sans aucune empreinte carbone d’ici 2030. Si les moyens sont encore à définir, les investissements massifs de la société en matière de voitures électriques et autonomes donnent une piste claire.
2030 est d’ailleurs un objectif partagé par de nombreuses entreprises. Par exemple, L’Oréal qui vise, à cette date, une production "carbon-balanced", c’est-à-dire dont les émissions sont compensées. Le géant des transports de conteneurs Maersk s’engagent aussi à cet horizon à ce que tous ses navires soient "zéro émissions". L’entreprise vise la neutralité carbone globale en 2050. "Le climat est l’un des problèmes les plus importants au monde et, transportant environ 80 % du commerce mondial, le secteur des transports maritimes est essentiel pour trouver des solutions", explique Søren Toft, directeur général adjoint de Maersk.
Ludovic Dupin avec AFP

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes