Partager
Exploration

À l’ESA, on veut construire un village sur la Lune

Depuis 4 ans, l’ESA promeut un vaste projet collaboratif de base lunaire durable. Au Festival Big Bang de Saint-Médard-en-Jalles, sa "porte-parole" Claudie Haigneré est venue le présenter, le 14 mai 2019.

réagir
Le Lunar analog, une image en 3D illustrant le concept.

Une image en 3D illustrant le concept du Lunar Analog (LUNA).

© Centre d’entraînement des astronautes (EAC)

Où en est ce "Moon Village", ce concept de base permanente sur la Lune annoncé en 2015 par l’Agence spatiale européenne ? Claudie Haigneré, première femme française à avoir voyagé dans l’espace et conseillère auprès du président de l’ESA, Jan Wörner, a profité du cinquantième anniversaire des premiers pas de l’Homme sur la Lune pour faire un point sur ce projet collaboratif qui avait autant surpris, lors de son officialisation, qu’il avait fait rêver — et fait toujours rêver aujourd’hui. "Nous sommes encore dans le domaine de la vision, une vision qui dépasse nos limites technologiques. Mais je sais que l’on peut contribuer à les faire tomber", a déclaré la spationaute lors de la conférence inaugurale du Festival Big Bang de l’air et de l’espace de Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux (Gironde), le 14 mai 2019.

D'abord des missions automatiques

À ce jour, l’ESA, qui a mobilisé en interne un petit groupe de travail sur le "Moon Village", en est encore au stade des missions automatiques destinées à fournir un maximum d’informations sur la manière d’implanter un jour cette base. "Il y a des missions en orbite destinées à cartographier la surface lunaire, d’autres pour en apprendre davantage sur les ressources d’eau, qui se trouvent sous forme de glace, et les possibilités qu’elles pourront nous offrir", détaille Claudie Haigneré, que nous avons eu l’occasion d’interroger un peu plus tôt dans la journée. "Nous menons aussi des études sur le régolithe, cette poussière lunaire certes très abrasive mais au potentiel immense en tant que matière première, et nous analysons les précieuses données rapportées par le radar de la sonde japonaise Kaguya, qui a localisé des tubes de lave dans le sous-sol lunaire."

Autant de travaux préparatoires qui devraient permettre de lancer de premières missions robotisées "d’ici 10 ans", estime l’astronaute. Pour entamer la construction d’un habitat permanent, dans lequel des équipages pourraient s’implanter sur de plus longues durées, il faudrait tout de même "attendre 2030-2035".

Vers un entraînement dans des environnements "analogues"

Mais les premières simulations de construction d’une base sur la Lune, et surtout de vie prolongée sur le satellite, pourraient débuter dès l’année prochaine dans des environnements dits "analogues". L’un d’entre eux, appelé LUNA, pour Lunar Analog, ouvrira ses portes fin 2019 au sein du Centre d’entraînement des astronautes (EAC) à Cologne, en Allemagne. "C’est un endroit comme il n’en existe nulle part ailleurs dans le monde. Il prend la forme d’un hangar de plus de 1000 m2 recouvert de régolithe reconstitué, et nous permettra de tester tout un tas de choses en 'conditions lunaires' : les systèmes qui nous permettrons de communiquer, les combinaisons de sortie extra-véhiculaire, mais aussi cette habitabilité longue durée dont nous ne sommes pas familiers. En somme, cet analogue serait en capacité de faire converger les sciences, les technologies, les interfaces homme-machine, et ça, c’est vraiment inédit."

A la recherche des partenaires privés

Pour fédérer d’autres agences spatiales autour de son concept audacieux, l’ESA doit tout de même relever un gros défi loin des salles pleines de poussière lunaire : elle devra prouver qu’elle est capable de sceller des collaborations avec des partenaires privés, dont le savoir-faire sera indispensable à une implantation permanente sur la Lune. "Dans ce village, il y aura certes des bases scientifiques, mais aussi beaucoup d’autres choses que l’on doit imaginer et concevoir avec des acteurs avec qui nous n’avons pas l’habitude de travailler. Je pense bien sûr aux entreprises privées, comme Vinci, pour organiser la mobilité sur place, Toyota ou Audi, pour créer nos moyens de transport… Se montrer légitimes technologiquement est une chose, mais c’est notre capacité à ressembler des savoirs-faire qui pourra faire la différence." Fin 2018, l’ESA a lancé un appel à contributions auprès des entreprises privées afin d’avancer sur l’utilisation ressources in situ.

Commenter Commenter
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications