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On peut changer beaucoup de choses. Sauf de planète

EDITORIAL. Faut-il modifier le système ou les gens? Face à l'urgence climatique, le temps manque pour ergoter sur la réponse

Sur l'Océan Pacifique. Image de Stocktrek Images. — © Keystone
Sur l'Océan Pacifique. Image de Stocktrek Images. — © Keystone

Economie, politique, société, culture, sport, sciences: les enjeux écologiques traversent toutes les strates de notre société. Comment passer de l’analyse à l’action? Quelle est la part de décisions individuelles et celles qui relèvent de choix politiques? Pourquoi la complexité du défi ne doit pas nous décourager?

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Vertigineux. Angoissant. Insupportable. Lorsqu’on tente d’évaluer avec sérieux l’état de santé de la planète, le choc est violent. Les défis paraissent insurmontables. Les dégâts, irréversibles. La cause, perdue.

Face à ce constat que tout le monde partage enfin – à l’exception d’une minorité de plus en plus marginalisée – plusieurs réactions sont possibles. La plus confortable: tout balayer d’un revers de main et se dire qu’il est trop tard. La politique de la terre brûlée est commode. Mais inacceptable.

L'action, choix épineux

En face, le choix de l’action se révèle plus épineux. Forcément, face à un défi si colossal, les réponses divergent. Et personne ne sait très bien par où commencer. Certains militent pour une rapide décroissance, pour l’imposition d’une dictature verte, voire pour le renversement de «l’ensemble du système». D’autres affirment que le salut passera par une responsabilisation de l’individu et une modification des petits gestes quotidiens.

De façon beaucoup plus triviale, on retrouve ici la question de l’offre et de la demande. Est-ce nous, consommateurs, qui sommes coupables d’exiger des avocats mexicains «mûrs à point» et des asperges péruviennes «tendres et croquantes» toute l’année? Ou est-ce les entreprises qui les proposent de janvier à décembre qui se rendent responsables d’une infernale débauche d’énergie?

Qui doit faire quoi?

En fin de compte, qui doit faire quoi et comment? Faut-il se lancer dans un combat politique? Embrasser la désobéissance civile? Investir dans des panneaux solaires? Cette infinité d’options laisse un petit goût amer d’impuissance dans la bouche de chacun d’entre nous. Complexité supplémentaire: même si l’urgence climatique apparaît comme une évidence, chaque pas en avant requiert de fastidieuses négociations. Personnelles ou collectives.

Changer le système ou changer les gens? Le temps manque pour ergoter sur la réponse. Croire que ces solutions s’opposent est un luxe que l’on ne peut plus se permettre. Chaque individu doit se rappeler qu’il s’engage en se rendant aux urnes, mais aussi au supermarché ou en vacances. En parallèle, le système doit muter, lui aussi. Les entreprises, qui craignent toujours davantage la bulle carbone, doivent changer de modèle. Le monde politique doit dessiner et imposer un nouveau projet de société, forcément démocratique, qui réduira rapidement et durablement le rythme auquel nous consumons les ressources de cette planète.

Oui, les défis liés au dérèglement climatique sont d’une effroyable complexité. Mais ne laissons pas cette angoisse nous paralyser. Et dépêchons-nous de changer.