Soleil, eaux turquoises, palmiers...les 27 petites îles coralliennes qui forment l'archipel des îles Cocos, à quelques 2000 km des côtes australiennes ont tout d'un paradis. Ou presque. A cet idyllique inventaire, il faut en effet rajouter des bouteilles de plastique, des sacs usagés, de vieilles brosses à dents et par-ci par-là quelques chaussures éparpillées. Ça c'est pour la surface ; un peu plus profond sous le sable, c'est pire ! Tel est le triste constat dressé par Jennifer Lavers de l'université de Tasmanie qui prévient que la situation pourrait être identique sur toutes les plages du monde.
Des tonnes de microplastiques sous le sable
La biologiste et son équipe ont mené, en 2017, une étude exhaustive sur 25 plages de sept îles des Cocos, représentant 88% de la masse continentale de l'archipel. Sans surprise, la très grande majeure partie des déchets se composent de plastiques, à 95%, puis loin derrière des mousses (3,06%) et d'autres types de débris (0,63%). Emballages, bouteilles et pailles constituent presque 25% des déchets identifiables. Et les microplastiques, de fragments décomposés d'objets plus volumineux, représentent 60 % de l'ensemble des déchets. En tout, les chercheurs ont évalué à 12.868.379, le nombre d'éléments retrouvés à la surface des 25 plages.
Microplastiques sur une plage des îles Cocos. Crédit : Jennifer Lavers
Le chiffre paraît énorme mais ce n'est qu'une goutte comparé aux 338.355.473 débris enfouis sous le sable, entre 1 et 10 cm de profondeur. Ils sont essentiellement composés de microplastiques, les mêmes qui, dans les océans, colonisent toute la colonne d'eau et forment de monstrueux continents au niveau des gyres océaniques. En tout, ce sont donc près de 238 tonnes de déchets qui reposent sur ces 25 plages des îles Cocos. L'étude, la première du genre dans cette zone, est publiée dans la revue Scientific reports. Les auteurs y rappellent que la majorité des évaluations du même type ne portent que sur les macro-déchets à la surface des plages. Et donc que la quantité de plastiques polluant les côtes pourrait être grandement sous-estimée.