L'Université brésilienne fédère la première contestation de masse contre Jair Bolsonaro

Marée humaine pour défendre l'université brésilienne à Rio de Janeiro ©AFP - WILTON JUNIOR
Marée humaine pour défendre l'université brésilienne à Rio de Janeiro ©AFP - WILTON JUNIOR
Marée humaine pour défendre l'université brésilienne à Rio de Janeiro ©AFP - WILTON JUNIOR
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La presse au Brésil estime qu'1,5 million de personnes ont manifesté à travers le pays face aux attaques menées par Jair Bolsonaro contre l'Université et la Recherche. Aux Philippines le succès annoncé de Rodrigo Duterte aux élections de mi-mandat renforce le poids politique de sa fille Sara.

Au Brésil, le président Jair Bolsonaro affrontait hier la première mobilisation de masse contre sa politique, et cette fronde est venue des Universités brésiliennes. 

Des centaines de milliers de professeurs et d'étudiants se sont mobilisés contre leur dirigeant d'extrême-droite et les coupes budgétaires drastiques qu'il veut imposer à l'enseignement supérieur et de la recherche.  

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Dans les pages du Correio, on prend la mesure de cette mobilisation qui est clairement la plus puissante qui se soit élevée contre Jaïr Boslonaro depuis son arrivée au pouvoir le 1er janvier :  à voir les photos prises hier soir dans le centre de Rio, on comprend bien que le lieu commun de "marée humaine" a quand même un sens. Et l'on a compté des rassemblements dans 241 villes du pays, des profondeurs amazoniennes aux métropoles côtières, salue le Correio qui livre cette estimation assez impressionnante d'un million et demi de manifestants pour donc défendre l'Université brésilienne. Et ça ne semble pas devoir s'arrêter là : la principale organisation étudiante, l'UNE, appelle déjà à prolonger, pour 30 jours, le blocage national des campus.  

C'est à se demander ce que Jaïr Bolsonaro et son ministre de l'enseignement Abraham Weintraub, ont bien pu faire pour soulever une telle colère ? 

Sur ce point, La Veja est indulgente : elle pointe "des erreurs de communication, de pédagogie" de la part du gouvernement pour faire accepter ses coupes dans les budgets des Universités fédérales. 30% de dotations en moins, forcément c'est dur à faire avaler, surtout, comme nous l'explique Mailson de Nobrega, quand on vise au départ les trois universités de Brasilia, Bahia et Rio accusées d'être trop "chahuteuses". 

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Le ministre a eu beau essayer d'expliquer ensuite, à coup de calculs douteux, que la baisse de budgets serait de 3,5%, plutôt que 30%, que toutes les universités seraient concernées et pas seulement les trois plus contestataires pour les punir... le mal était fait : tout le monde avait compris, que Jair Bolsonaro et les siens étaient lancés dans une croisade purement idéologique.  

"Ce gouvernement a choisi l'éducation comme principal ennemi dans sa guerre contre des moulins imaginaires", analysent deux universitaires dans l' Estadao de Sao Paulo : l'université, pour les nouveaux dirigeants néo-fascistes du pays, c'est l'antre du grand démon nommé "le marxisme culturel". On est, en fait,  dans le même registre que quand Bolsonaro annonçait que les facultés de philosophie et de sociologie ne seraient désormais plus subventionnées par l'Etat parce qu'elles ne permettent pas "un retour sur investissement immédiat". 

Il fallait donc ça, pour que le Brésil ou en tous cas ses étudiants, ses professeurs, ses chercheurs se mobilisent en masse.  

Une mobilisation que Jair Bolsonaro en personne a tenté de minimiser mercredi soir quand, en déplacement aux Etats-Unis, il a été interrogé par la chaîne télé du groupe Globo.

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"Des militants qui n'ont rien dans la tête" : voila comment le président décrit les manifestants, "des idiots utiles à la solde d'une petite élite intellectuelle qui veut garder son emprise sur les Universités fédérales".  

Mais tout de même, un million et demi "d'idiots utiles" qui descendent dans les rues... ça redonne de l'espoir, dans l'édition brésilienne d' El Pais, à la journaliste et documentariste Eliane Brum : "Ce n'est pas un hasard, dit-elle, si la première contestation de masse de Jaïr Bolsonaro vient des universités, le lieu par excellence de l'affirmation individuelle et collective, du débat, du dialogue...  en un mot du mouvement : autant de raisons pour lesquelles le président se sent menacé par cette université qu'il s'emploie à détruire."  

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Une forme de résistance collective est née hier, c'est en tout cas ce que veut croire Eliane Brum qui exhorte chaque citoyen conscient à "cesser de se regarder le nombril sur les réseaux sociaux", et à rejoindre le muovement, dans les rues, pour affronter enfin "la tyrannie "qui menace le Brésil. 

Aux Philippines on attend toujours les résultats officiels des élections de mi-mandat qui se sont déroulées lundi.  

Sans grand suspense, c'est une victoire qui s'annonce pour le camp du président Rodrigo Duterte : il devrait voir sa majorité encore renforcée au Sénat, compter toutoujours plus d'élus locaux de son bord à travers l'archipel, et donc avoir les coudées franches pour imposer ses prochaines réformes comme le rétablissement de la peine de mort. 

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Et Duterte a une autre raison de se réjouir, selon la Nikkei Asian Review : c'est la place, toujours plus importante, que prend sa fille, Sara Duterte, dans le sillage de son père. L'homme fort des Philippines, nous explique-ton, est de plus en plus indissociable de sa "forte femme" de fille : Sara s'est faite connaître en 2011, quand elle a roué de coup, devant des caméras et au milieu d'une foule, un chef local de la police dans sa ville de Davao au sud du pays.  

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Davao, c'est le fief politique des Duterte, où Sara sort encore renforcée de la dernière élection : elle confesse au Manilla Standard qu'elle a pleuré de joie quand elle a appris que les électeurs de sa région avaient plébiscité les candidats de son mouvement politique. Car oui, la jeune femme a son propre parti, qui s'est permis de présenter ses candidats parfois face à ceux investis par son père, mais en expliquant toujours clairement qu'ils soutiendraient sans réserves la politique paternelle. 

Cette stratégie de rivalité, au moins de façade, interroge le site d'info alternatif Rappler qui y voit pour Sara Duterte une manière de "montrer les muscles", politiquement parlant, d'affirmer qu'elle "n'est pas seulement une marionnette" actionnée par son paternel. Ca a apparemment convaincu les électeurs à Davao, cetet ville dont Rodrigo Duterte a été maire pendant deux décennies, et où Sara vient d'être réélue pour un troisième mandat.

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La politique aux Philippines, c'est une affaire de dynastie, de famille, et Rappler nous le confirme : lundi, en plus de Sara, deux autres Duterte ont été élus, le plus jeune Sebastian comme vice-maire, et l'ainé Paolo comme chef du pouvoir législatif local. Pourtant c'est bien leur soeur Sara qui continue de faire parler d'elle dans la presse : l' Asian Nikkei Review lui prête des ambitions d'héritière, pour la présidentielle de 2022 à laquelle son père ne pourra pas se succéder à lui-même.  

Rodrigo Duterte pour sa part à déjà dit qu'il "n'autorisera pas" sa fille à être candidate. Reste à savoir si elle lui demandera la permission...

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