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Les minorités LGBTI réclament des statistiques sur les crimes haineux

Les membres des communautés homosexuelle, bisexuelle, transgenre ou intersexe sont souvent visés par des crimes de haine, selon des études internationales. En Suisse, on ne dispose pas de données chiffrées

Un rassemblement à la mémoire des victimes de la tuerie d'Orlando, en juin 2016 à Zurich. — © Ennio Leanza/Keystone
Un rassemblement à la mémoire des victimes de la tuerie d'Orlando, en juin 2016 à Zurich. — © Ennio Leanza/Keystone

Les communautés LGBTI veulent des statistiques officielles recensant les crimes haineux à leur égard. Des motions en ce sens vont être déposées dans treize cantons durant ce mois de mai. «C'est un appel à l'aide que nous lançons pour avoir enfin un état des lieux en Suisse», a annoncé vendredi à Lausanne Muriel Waeger, directrice romande de l'Organisation suisse des lesbiennes (LOS) et de Pink Cross, la Fédération suisse des hommes gais et bi.

Les membres des communautés homosexuelle, bisexuelle, transgenre ou intersexe (LGBTI) sont plus visés par des crimes de haine en lien avec leur orientation sexuelle ou leur expression de genre, poursuit-elle, se basant sur les constats d'associations ainsi que des études internationales. «Si nous voulons agir en amont, faire de la prévention, il nous faut des chiffres sur lesquels nous appuyer», abonde Christophe Chaignat du comité de Juragai.

Des motions vont être déposées dans 13 cantons

Après Genève, des motions seront donc déposées dans treize cantons parmi lesquels Vaud, Neuchâtel, Jura, Valais, Fribourg, Berne et Zurich réclamant que les polices tiennent un recensement des agressions LGBTI-phobes. Un outil qui doit permettre de donner de la visibilité à ces violences afin que la société en prenne davantage conscience et intervienne, poursuivent les intervenants.

Le taux de suicide est 2 à 5 fois plus élevé chez les jeunes de ces communautés qu'au sein du reste de la population

Muriel Waeger, directrice romande de l'Organisation suisse des lesbiennes et de Pink Cross

Autre requête: qu'à l'image des polices vaudoise, genevoise ou lausannoise, des formations soient données à tous les policiers afin qu'ils prennent en charge les victimes de manière adéquate, et non «comme les autres».

Pour une meilleure formation de la police

«La police n'est pas plus homophobe que la société civile, mais elle est en première ligne quand il y a des violences», a expliqué Aymeric Dallinge, président du Pôle agression violence (PAV). Et d'ajouter qu'avoir des policiers formés permet d'offrir une écoute adaptée aux victimes souvent peu reconnues. Muriel Waeger a par ailleurs saisi l'opportunité de rappeler que les conséquences de ces crimes de haine peuvent être dramatiques. «Le taux de suicide est 2 à 5 fois plus élevé chez les jeunes de ces communautés qu'au sein du reste de la population.»

Sur le plan fédéral, la conseillère nationale Rosmarie Quadranti (PBD/ZH) a déposé une motion en 2017 réclamant une recensement national des crimes fondés sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre que le Conseil fédéral a proposé de rejeter. Rappelons également que le peuple devra se prononcer sur l'extension de la norme pénale antiracisme à la discrimination basée sur l'orientation sexuelle.