La startup de la semaine : DNA Script lève 35 millions d'euros pour commercialiser son imprimante à ADN

Toutes les semaines, La Tribune braque les projecteurs sur une pépite méconnue de la French Tech. Cette semaine, plongée dans la biotech avec DNA Script. La startup développe une imprimante à ADN. Sa particularité : recourir à des enzymes naturelles, contrairement aux méthodes traditionnelles qui utilisent des composants chimiques. DNA Script vient de boucler une série B de 35 millions d'euros.
Anaïs Cherif
Les co-fondateurs de DNA Script (de gauche à droite: Xavier Godron, Thomas Ybert et Sylvain Gariel.
Les co-fondateurs de DNA Script (de gauche à droite: Xavier Godron, Thomas Ybert et Sylvain Gariel. (Crédits : DNA Script)

DNA Script passe la seconde. La startup parisienne annonce jeudi 16 mai avoir bouclé une série B de 35 millions d'euros. Ce tour de table a été mené par le fonds d'investissement LSP, spécialisé dans la santé, ainsi que Large Venture (Bpifrance). Les actionnaires historiques -- Illumina Ventures, Merck Ventures, Sofinnova Partners, Kurma Partners et Idinvest Partners -- ont également remis au pot. Au total, la jeune pousse a levé plus de 55 millions d'euros depuis sa création en 2014.

DNA Script développe une imprimante à ADN. Pour se l'imaginer, il faut visualiser une petite machine, à mi-chemin entre l'imprimante 3D et l'imprimante de bureau. Le but : permettre de fabriquer en quelques heures minimum des fragments d'ADN synthétiques.

"L'ADN est le support de l'information génétique -- on peut le comparer à un morceau de programme ou à une ligne de code informatique", explique Sylvain Gariel, directeur d'exploitation et co-fondateur de la startup, aux côtés de Xavier Godron et Thomas Ybert. "Lorsque l'on travaille avec des systèmes biologiques, il faut souvent être capable de reprogrammer un petit fragment d'ADN. Par exemple, cela peut être utile pour la détection de virus sur un patient."

Si l'essentiel des applications concerne la santé (développer de nouveaux médicaments et vaccins, favoriser la médecine personnalisée...), la copie d'ADN peut aussi être utile pour fabriquer des matériaux innovants (textile) ou améliorer les qualités nutritives de certains aliments (agroalimentaire).

Automatiser la production d'ADN synthétiques

"La fabrication d'ADN est possible depuis les années 50 grâce à des méthodes chimiques. Nous avons développé une nouvelle technologie, basée sur l'utilisation d'enzymes naturellement présentes dans le vivant", explique l'ingénieur de 31 ans. L'intérêt ? Réduire les contraintes pour automatiser la production.

"La méthode traditionnelle doit être réalisée dans un environnement sans air et sans eau, au risque de tuer les composants chimiques. Au contraire, notre méthode peut se faire à température ambiante et sans contrôle spécifique de l'environnement", détaille Sylvain Gariel.

Dans ce secteur très concurrentiel, DNA Script dit permettre une fabrication d'ADN pouvant être jusqu'à "dix fois plus rapide", permettant de copier un fragment entre une à deux heures seulement. "Aujourd'hui, un client est livré entre 48 à 72 heures avec les acteurs historiques du marché. Avec notre imprimante, le client pourra accéder au fragment d'ADN souhaité en quelques heures", revendique le co-fondateur. "Nous changeons aussi le mode de fonctionnement. Jusqu'ici, les clients faisaient appel à un service. Nous sommes dans une logique d'intermédiation, où les clients auront davantage de flexibilité en ayant la main sur l'imprimante." La startup chiffre le prix de vente de son imprimante à "quelques dizaines de milliers d'euros".

Une commercialisation d'ici "deux à trois ans"

Jusqu'ici, DNA Script était dans une phase de R&D. La jeune pousse développe actuellement son premier prototype et espère obtenir une machine commercialisable "d'ici deux à trois ans", chiffre le co-fondateur. Une première pré-commercialisation sera effectuée en 2020 auprès d'une "dizaine d'utilisateurs".

"Nous étions jusqu'ici concentrés sur la technologie. Nous devons désormais nous intéresser au produit : développement, manufacture, marketing et ventes", affirme Sylvain Gariel.

C'est pourquoi la startup de 37 salariés, essentiellement des ingénieurs et chercheurs en biologie, va s'agrandir. Grâce à cette série B, elle souhaite recruter entre 60 à 70 personnes dans les deux prochaines années, pour renforcer son équipe de chercheurs et former une équipe de développement produit et de marketing. Avec sa technologie, DNA Script souhaite conquérir les Etats-Unis, qui représentent "50% du marché mondial", selon Sylvain Gariel. La jeune pousse a d'ailleurs ouvert des bureaux à Boston en novembre 2018.

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 16/05/2019 à 14:39
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Ou fabriquer des corps aux robots ? De l’ADN synthétique, quelles différences avec les produits de synthèse ? C’est dommage qu’il n’y ai pas une vidéo qui explique les procédés et le résultat, admettons qu’un tissu détecte le virus chez le patient , ...

à écrit le 16/05/2019 à 12:23
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Vous écrivez "Dans ce secteur très concurrentiel". Pouvez citer les principaux concurrents de ce secteur pour DNA Script ? Merci.

le 25/08/2019 à 5:22
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Déjà premièrement concurrence avec la chimie déjà existante, au vu de leurs annonces ils font la même chose que la chimie d'une façon différente tout simplement et encore rien de commercialisé à voir la vraie efficacité car les promesses sont bonnes...

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