Partager
Vie de bureau

Réalité augmentée : on a testé les réunions par holoportation de BNP Paribas Real Estate et Mymesis

VIDEO - Discuter d'un projet immobilier avec un hologramme. C'est ce que propose BNP Paribas Real Estate et la start-up Mimesys depuis quelques mois. Challenges a testé ces réunions par holoportation.

réagir

Avec sa barbe de trois jours et son sweat noir, Jeff Jacobs n’a pas le look habituel d’un agent immobilier. Pourtant, c’est bien lui qui nous fait visiter ce T3 flambant neuf situé à Bagneux (Hauts-de-Seine). Cet appartement n’existe pas encore. Il est l’un des 1.700 logements neufs en cours de construction par BNP Paribas Real Estate dans le nouveau quartier des Mathurins, dont les premières livraisons sont prévues pour 2022. C’est en réalité une modélisation 3D du bien que nous visitons, seules, dans les locaux du groupe à Issy-les-Moulineaux. Seules, car Jeff n’est pas physiquement présent pour cette présentation. Lui répond à nos questions en direct depuis Bruxelles (Belgique). Il semble pourtant tout près. Son hologramme 3D bouge et se déplace face à nous, de l’autre côté de la longue table sur laquelle est projeté le vaste projet immobilier en préparation. Si sa voix qui nous parvient depuis les lunettes connectées que nous portons semble un peu lointaine, la retransmission visuelle, elle, est bluffante, chacun d’entre nous pouvant interagir normalement tout en zoomant à souhait sur la maquette à l’aide d’une manette.

Champs d’application immenses

Bienvenue dans l’ère des réunions en "co-présence" par "holoportation" que BNP Paribas Real Estate développe ces derniers mois avec la start-up franco-belge Mimesys dans le cadre du projet "DARE" (pour "Digital Augmented Real Estate"). C’est d’ailleurs pour cette jeune pousse que Jeff travaille, non pas en tant qu’agent immobilier mais comme XR developer. L’ambition: réaliser des réunions dans lesquelles les participants sont présents soit physiquement, soit sous la forme d’hologramme. L’objectif étant que chacun puisse échanger autour de projets 3D, visualisables non pas avec un casque de réalité virtuelle fermé, mais grâce à un casque de réalité mixte -en l’occurrence le casque Magic Leap one- capable de projeter les "hologrammes" et documents de travail virtuels dans le monde réel (ex: salle de réunion, bureau, cafétéria…).

"Pour le moment, nous nous focalisons sur les spécificités du secteur de l’immobilier –visite d’appartements, maquettes 3D…-, mais les champs d’application sont immenses pour les réunions de travail et visioconférences au sens large. Imaginez avoir accès à un stylo 3D vous permettant d’annoter, corriger tout ce que vous voyez ou encore d’étaler partout autour de vous plus de 30 documents, maquettes, vidéos différents, et ce, sans avoir besoin de table, de bloc-notes ou de lieux dédiés au stockage de vos projets", projette Rémi Rousseau, cofondateur de Mimesys. Créée en 2016 et hébergée à Station F, la start-up se charge de développer la partie logiciel du projet DARE.

Si les partenaires parlent de "communication holographique",  techniquement il ne s’agit pas d’hologramme à proprement parler, étant donné qu’il faut encore passer par le filtre d’un casque pour visualiser la personne. Celle-ci n’apparaît pas en 3D dans la pièce comme cela a pu être le cas lors de différentes conférences telles que les meetings de Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne de l’élection présidentielle en 2017. "Certes, ce ne sont pas de 'vrais' hologrammes mais c’est la terminologie marketing la plus proche de ce que nous développons", reconnaît Rémi Rousseau. Et de préciser: "D’un point de vue purement technique nous faisons du 'streaming en temps réel de vidéos volumétriques'. Avouez que ce n’est pas très vendeur présenté comme ça!", plaisante le cofondateur de Mimesys.

Finis les frais de déplacement

Il n’en demeure pas moins que, du côté de BNP Paribas Real Estate, l’intérêt commercial est réel. "Nous pilotons des projets à travers le monde mobilisant à chaque fois des experts et clients eux aussi souvent répartis dans plusieurs pays. Cela nécessitait jusque-là de nombreux déplacements et une organisation complexe –surtout lorsque vous devez réunir autour de la même table une cinquantaine d’architectes, d’ingénieurs, d’urbanistes, de techniciens..., détaille Kevin Cardona, directeur de l'Innovation de BNP Paribas Real Estate. Cette solution va nous permettre de créer une nouvelle forme de collaboration à distance, sans avoir à financer le déplacement de quiconque. Elle va par ailleurs améliorer les relations que nous entretenons avec nos clients en leur amenant la meilleure expertise directement là où ils sont, sans les obliger à voyager pour nous rencontrer."

Le groupe vient d'annoncer ce vendredi 17 mai que le projet DARE, actuellement en phase de test, va être déployé dans cinq villes (Paris, Francfort, Londres, Dubaï et Hong-Kong) à l’échelle de BNP Paribas dès l’automne 2019, avec trois de ses métiers -Real Estate, Corporate & Institutional Banking (CIB) et Wealth Management. "Au-delà de l’aspect technique, l’enjeu va aussi être de former nos équipes à ces nouveaux usages", explique Kevin Cardona. Si la solution sera dans un premier temps proposée gratuitement aux clients et partenaires, les deux partenaires n’excluent pas de commercialiser ce nouvel outil de réunion "à un marché plus large à terme".

De nombreux défis à relever

Reste que, pour être déployée à grande échelle, cette solution devra néanmoins relever des défis de taille. D’un point de vue technique, elle suppose d’abord de s’appuyer sur un puissant débit Internet, ce qui est encore loin d’être le cas partout dans le monde, à commencer par la France, où le déploiement de la 5G n’en est qu’à ses balbutiements. L'holoportation version BNP Paribas Estate-Mimesys nécessite par ailleurs l’implantation de nombreux équipements coûteux en simultané (caméras de retransmission des hologrammes, casques connectés, exploitation de la plateforme compilant les projets numériques et 3D, maintenance…). Chez BNP, au moins vingt casques de réalité augmentée -qui coûtent chacun 2.500 euros environ-  seront déployés (quatre par localisation) rien que dans le cadre des expérimentations du projet DARE. A l’échelle d’un groupe international, la facture peut donc rapidement grimper. D'autant que cette technologie suppose également le développement de contenus spécifiques de qualité (ex: maquettes 3D, documents interactifs) et donc eux aussi coûteux.

Enfin, le plus grand frein sera certainement le même que celui rencontré par tous les autres acteurs positionnés sur le créneau de la réalité virtuelle et augmentée: la démocratisation de l’usage, qui est (très) loin d’être à l’ordre du jour pour le moment. Qu’il s’agisse d’HoloLens chez Microsoft, des Google Glass, des casques Oculus Rift ou Quest chez Facebook ou encore d’HTC Vive, tous les grands acteurs du secteur se cassent actuellement les dents sur la réalité virtuelle et/ou augmentée, sur le segment du BtoC. Les perspectives sont néanmoins plus dynamiques dans le BtoB, notamment dans l'industrie (ex: Renault, Audi...). "La question n’est pas de savoir si cela va arriver mais quand", reconnaît Rémi Rousseau de Mimesys. En attendant que DARE franchisse le cap du "gadget", l’avènement des réunions business tous azimuts par holoportation reste lui, pour l’heure, bien virtuel.

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications