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Libération des otages au Burkina Faso : les secrets du commando Hubert

Les soldats qui ont libéré les otages français au Burkina Faso appartiennent à une unité d'élite polyvalente qui s'est illustrée aux plus grandes heures du pays.

Didier François (Europe 1) , Mis à jour le
Des plongeurs du commando Hubert en 2009.
Des plongeurs du commando Hubert en 2009. © Arnaud Beinat/Maxppp

Sur un discret badge de bronze, deux hippocampes enlacent une ancre ailée. C'est l'insigne le plus prisé de l'armée française. Le brevet des nageurs de combats. Un Graal dûment numéroté que seule une ­petite dizaine d'élus arrive à décrocher chaque année. Et encore, les années fastes. Car, pour devenir un homme-grenouille, il faut passer par une ­sélection draconienne, physiquement usante, mentalement abrasive, qui dure vingt-sept semaines et pendant laquelle chaque stagiaire apprendra à plonger discrètement par tous les temps, à toutes les profondeurs, mais également à poser des explosifs sur tout type de structure ou d'engin, à sauter en parachute à très haute altitude, sous oxygène, pour amerrir au milieu de nulle part et poursuivre la mission à la palme, des heures durant, attaché à son équipier par une corde et agrippé à une tablette d'orientation. Ce cours est si difficile que son taux de réussite oscille entre 5% et 10%. Les marins qui surmontent ces épreuves sont affectés au commando d'action sous-marine Hubert.

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Fleuron de la Marine nationale, l'unité a été créée en 1947, héritière du 1er bataillon de fusiliers marins commandos de la France libre, les fameux commandos Kieffer. Elle est d'ailleurs baptisée en l'honneur du lieutenant de vaisseau Augustin Hubert, l'un des 177 Français qui débarquèrent sur les plages de ­Normandie, tué par un sniper le 6 juin 1944 dans les rues de Ouistreham.

Une petite unité soudée

 

Le commando Hubert est alors stationné sur la base sous-­marine de la Pêcherie, près de Bizerte, en Tunisie. Ce n'est qu'en 1953 qu'il se spécialise dans les actions sous-marines et que ses nageurs prennent leurs quartiers sur la presqu'île de Saint-Mandrier, dans le Var, à quelques centaines de mètres de l'école de plongée où ils ont tant souffert pour décrocher leur brevet. Des sept commandos qui forment la Force maritime des fusiliers marins et commandos (Forfusco), il est le seul à ne pas être installé à Lorient.

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Il conserve également de ses origines un modèle d'organisation calqué sur les troops britanniques. Soit une cinquantaine de commandos, tous parachutistes, tous nageurs, répartis en cinq sections. Appuyés par une trentaine d'opérateurs répartis en divisions de soutien. Ce qui fait du commando Hubert une toute petite unité très soudée d'à peine une centaine d'hommes. Mais qui met en œuvre des équipements et des compétences tout à fait exceptionnels, comme les propulseurs sous-marins (PSM) de la section C, sortes de sous-marins de poche à la James Bond qui permettent de mettre à l'eau des équipes de nageurs depuis un bâtiment de la marine pour qu'ils puissent s'approcher en plongée et en toute discrétion de leur cible, soit à des fins de renseignement, soit à des fins de destruction.

Très grande polyvalence

La section A dispose, elle, d'embarcations semi-rigides, gonflables, extrêmement puissantes et très lourdement armées qui permettent d'aborder des navires, même en pleine mer et par forte houle, ou d'appuyer les débarquements des escouades de contre-terrorisme de la section B, qui sont parfaitement capables de mener des actions à terre comme elles l'ont fait au ­Burkina Faso, car tous les opérateurs du commando Hubert sont évidemment à même d'intervenir dans les autres milieux aux côtés de leurs camarades de l'armée de terre ou de l'armée de l'air, membres des régiments rattachés au commandement des opérations spéciales.

Quelques-unes des opérations sur lesquelles le commando Hubert a bien voulu lever le voile sont d'ailleurs représentatives de cette très grande polyvalence. À deux reprises, le général de Gaulle a requis les ­nageurs pour assurer sa sécurité personnelle, en 1960, alors que la guerre d'Algérie touchait à sa fin, et en 1968, quand les boulevards du Quartier latin se hérissaient de barricades. En Bosnie, également, ses équipes de commandos ont activement participé à la traque et à l'arrestation des criminels de guerre. Une palette de talents digne de leurs camarades américains du Navy Seal Team 6 qui, eux, sont allés débusquer Oussama Ben Laden dans les faubourgs pakistanais d'Abbottabad. 

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